la peinture assistée par miroir


Suite à des articles sur l'hypothétique influence de l'optique dans l'art de la Renaissance [1], dont les auteurs discutent l'interprétation de la grande précision graphique de l'époque par l'utilisation de miroirs, il m'a semblé intéressant de placer ici un commentaire. Ceux qui pratiquent le dessin peuvent éventuellement essayer d'en tirer des astuces pratiques.

Le premier article envisage l'utilisation par Van Eyck d'un miroir sphérique, servant à former de la scène à dessiner une “image réelle” sur la toile. Il signale principalement (si je n'oublie rien) les difficultés pour maitriser la précision de fabrication des miroirs à l'époque concernée, le manque de luminosité et le flou d'une telle image (qui plus est, inversée), l'incompatibilité entres perspectives dessinées sur la toile et les perspectives recalculées par ordinateur selon les lois de l'optique. Il conclut plus ou moins que c'est probablement plutôt l'apparition de l'usage des lunettes qui a permis à la Renaissance d'améliorer la peinture.

Le second article précise que la toile présente des trous qui semblent provenir probablement de l'usage d'un compas (ou d'un pantographe) pour reconstruire le dessin par agrandissement à partir d'un croquis initial de taille réduite.

Quelle que soit la méthode réellement employée par Van Eyck (et éventuellement par d'autres artistes de la Renaissance), il me semble que la méthode la plus efficace n'est sûrement pas de former sur la toile, avec un miroir sphérique, une image réelle (inversée, floue et peu lumineuse) :

imageReelle

Je pense qu'il faudrait plutôt y former, avec deux miroirs plans dont un semi-réfléchissant (une simple vitre), une image virtuelle (non inversée, nette et apparaissant bien plus lumineuse puisque captée directement par l'œil) :

imageVirtuelle

Évidemment, par ce procédé, on “voit” l'image virtuelle se superposer sur la toile comme si on la regardait par une fenêtre (l'image est “derrière” la toile). De ce fait, tout déplacement relatif de l'œil de l'artiste provoque, par effet de perspective, un déplacement apparent de l'image à reproduire. Il est donc nécessaire de mettre au point une méthode de “recadrage” ; une idée simple peut consister à tracer sur la toile deux point (ou plus) servant de repères. Hélas ces références risquent de devenir de moins en moins visibles au fur et à mesure que l'œuvre progresse ; on peut alors imaginer de percer quelques minuscules trous éclairés par derrière la toile (et restant ainsi bien visibles en permanence).

Bien entendu, toute ressemblance avec la réalité des faits intervenus à cette époque n'est peut être qu'une accumulation de coïncidences purement fortuites...

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Références :

[1]    “Optique et réalisme dans l'ard de la Renaissance”, D Stork, Pour la science n° 327, janvier 2005 ;

        “Dans l'atelier de Jan Van Eyck”, Pour la Science n° 328, février 2005.



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