Le sud-ouest de la France est réputé pour ses élevages d'oies et de canards, mais il est aussi un lieu privilégié d'une activité de haut niveau, assez méconnue : dans tout le golfe de Gascogne, on élève des cannes pondeuses. L'un des hauts lieux de cet élevage est situé à Moliets, dont les restaurateurs se sont rendus célèbres par la fameuse recette : les “œufs Moliets”. On voit ci-dessous une canne pondeuse sur le point de placer un œuf dans un nid artificiel, sous la surveillance attentive de l'éleveur. Les cannes pondeuses sauvages vivant au bord des étangs, les éleveurs doivent en effet être très vigilants à ce que celles qu'ils ont réussi à domestiquer ne placent pas leurs œufs dans les mares ou dans le sable (il doivent y faire obstacle). Les cannes pondeuses ratent souvent leur nid en pondant ; les oiselets sont hélas souvent mis à mal dans ces circonstances. Ainsi, la progéniture n'est viable que si la ponte ne dépasse pas un certain nombre d'essais, appelé “par”, dépendant un peu des circonstances (mais de l'ordre de quatre). C'est pour cela qu'on dit que la canne pondeuse est un animal ovipar.
	Les éleveurs de cannes pondeuses doivent être aussi vigilants à la présence d'un dangereux prédateur : le boa. Le boa se cache dans l'herbe et se déplace de façon sinueuse jusqu'au moment de l'attaque (de là l'origine d'une expression populaire bien connue : d'un individu qui marche en louvoyant, on dit de lui : “il boa”...).
	Il existe deux espèces de boa particulièrement spécialisées dans la prédation des œufs de cannes pondeuses : le boa de Sète (originaire de la méditerranée et qui sévit souvent dans l'herbe basse, généralement loin des nids des cannes pondeuses) et le boa de Troyes (plus continental et qu'on rencontre quasi exclusivement dans l'herbe rase, dans des zones généralement voisines des nids de cannes pondeuses et qui lui servent de base de départ ; on détecte sa présence à cause de ses déjections en forme de petites pointes).
	On voit ci-dessous un éleveur de cannes pondeuses essayant de faire lâcher prise à un boa en train de gober un œuf : il le fait tournoyer en le tenant par la queue jusqu'à lui faire lâcher prise, ce qui a hélas généralement pour effet d'envoyer l'œuf au loin (mais les cannes pondeuses sont spécialement habituées à les retrouver...).

Retour au sommaire