ÉTUDE EXPÉRIMENTALE DES FORCES - corrigé du TP
Modélisation des forces de frottement
Préparation de l’enregistrement
• Le palet utilisé a une masse de
.
La mesure de la masse de l’anneau magnétique est moins
facile à cause des effets magnétiques sur la balance ; on obtient
par élongation d’un ressort ; on obtient
en utilisant un tube intermédiaire en papier fort pour éviter
l'interaction avec la balance.
Modèle du frottement fluide (visqueux)
• Pour les faibles vitesses, le frottement fluide est
proportionnel à la vitesse :
avec
.
Algébriquement (pour le mouvement rectiligne) :
; compte tenu de la compensation du poids par la réaction
normale de la table, la relation fondamentale de la dynamique peut
donc s’écrire :
. L’intégration donne alors :
et
.
• On constate que les données sont effectivement compatibles avec
ce modèle (la droite ne sort pas des intervalles d’incertitude).
L’ajustement donne :
(c’est-à-dire
) et la constante :
(c’est-à-dire
).
• En ce qui concerne la précision, les incertitudes sur le modèle
(de l'ordre de )
découlent logiquement de celles sur les données.
Celles-ci peuvent généralement provenir de plusieurs causes :
- la pointe à étincelle légèrement décentrée et le palet
tournant sur lui-même ; mais ceci donnerait des variations
transversales d'allure sinusoïdale, or la trajectoire est bien
rectiligne ;
- le dispositif à étincelles n’imposant pas exactement
l’intervalle
entre les étincelles ;
- le papier d’enregistrement comportant des bosses, ou des
saletés, causant un frottement variable ;
- le palet soumis à des oscillations verticales sur le
coussin d’air (se comportant comme un ressort), où à des
oscillations angulaires par rapport à la verticale, ceci
causant un frottement variable.
• Dans la mesure où le frottement est faible, et présente des
fluctuations qui limitent un peu la précision du modèle, on peut
envisager de simplifier celui-ci en utilisant un développement
limité (bien que la vitesse varie presque du simple au double pour
le mouvement étudié) :
.
La représentation est aussi correcte que la précédente (la droite
ne sort pas des intervalles d’incertitude).
L’ajustement donne :
(tout
à fait compatible avec la détermination précédente) et la
constante :
correspondant à :
(valeur un peu différente, mais non incompatible avec la
détermination précédente).
• La précision est semblable à celle de la version non simplifiée
du modèle (la précision des mesures est insuffisante pour faire la
différence entre les deux) ; ceci justifie l'approximation.
Modèle du frottement solide
• Pour les situations où il y a glissement, le frottement solide
est à peu près constant :
où
est un vecteur unitaire orienté selon le mouvement.
• Algébriquement (pour le mouvement rectiligne), la relation
fondamentale de la dynamique peut s’écrire :
. L’intégration donne alors :
(tant qu’il y a glissement, c’est-à-dire tant que
).
La représentation graphique de
en
fonction de est donc la
même que précédemment (tout à fait compatible avec le modèle) ; on
peut en déduire la valeur de la constante :
.
• La précision est raisonnable, mais surtout : l'approximation du
premier ordre pour un frottement fluide correspond au même type
d’expression qu’un frottement solide.
Ceci permet de simplifier la prise en compte des frottements
: tant qu’ils sont faibles, il suffit de les décrire “globalement”
par un frottement de type “solide”, plus facile à utiliser pour
les calculs (même si en réalité les deux types de frottements
interviennent à la fois).
Modélisation des forces magnétiques
Préparation de l’enregistrement
• On mesure le diamètre
(extérieur)
d’un anneau magnétique, afin de pouvoir vérifier que les palets
n'ont pas eu de choc “dur” dans leur positions les plus proches de
l’interaction :
.
On mesure aussi le diamètre
(moyen) d’un anneau magnétique, afin de pouvoir étudier en
fonction de la distance entre les milieux des aimants les plus
proches au moment de l’interaction :
.
Modélisation avec une énergie potentielle magnétique
• On suppose que les forces magnétiques entre les deux anneaux
dérivent d’une énergie potentielle de la forme :
avec
;
;
.
• Si on raisonne algébriquement, avec l’abscisse curviligne
, la
conservation de l’énergie mécanique peut s’écrire :
, c’est-à-dire :
avec
.
Si on suppose l’exposant
assez
grand, alors la condition expérimentale
permet de négliger
en très bonne approximation. On en déduit alors :
et
.
• La représentation de
en fonction de
est la suivante :
L’ajustement des paramètres est alors totalement inutile puisqu’il
est évident que le modèle est insuffisant : l’énergie potentielle
magnétique ne serait pas la même à l’aller et au retour (même en
se limitant à la zone proche du choc) ; il faut donc reprendre les
calculs en tenant compte des frottements.
Prise en compte des frottements
• Conformément à la conclusion de la partie (1.), on suppose que
les frottements peuvent être décrits par le modèle de frottement
solide :
.
En raisonnant algébriquement (avec l’abscisse curviligne
), la
variation de l’énergie mécanique est égale au travail (résistant)
des frottements. On obtient ainsi :
ce qui peut s’écrire sous la forme :
avec
et
.
Si on suppose l’exposant
assez
grand, alors en limitant l'étude aux points tels que
on peut négliger
en bonne approximation. 0n obtient alors la relation “asymptotique”
:
.
• La représentation de
en fonction de
est la
suivante :
On y constate effectivement, mise à part la “bosse” correspondant
à l’énergie magnétique (lorsque les deux palets sont proches), une
croissance linéaire correspondant à la perte d’énergie par
frottement.
◊ remarque : la valeur de l’abscisse curviligne
est ici
“décalée d’un point” par rapport à celle utilisée pour calculer
les vitesses (le calcul de la vitesse au point n° 1 nécessite de
connaître la position du point n° 0 ).
• L’ajustement donne :
c’est-à-dire :
(comparable à la détermination précédente, compte tenu des
variations de frottement constatées).
• Pour les points proches de
, on
peut négliger
en très bonne approximation, mais il faut tenir compte de
.
Ces points sont ceux qui n’ont pas été pris en compte dans
la représentation linéaire précédente ; ce sont les seuls au
contraire qui sont considérés maintenant (les autres donneraient
).
◊ remarque : du point de vue de la précision de ce modèle, le
graphique précédent montre clairement que la “bosse” correspondant
à l’énergie potentielle magnétique est effectivement négligeable
dès que les deux palets s’éloignent, c’est-à-dire que le terme
est tout à fait négligeable.
• La représentation de
en fonction de
est la suivante :
L’ajustement donne :
et
(c’est-à-dire
).
◊ remarque : ce graphique montre une représentation satisfaisante,
mais l’énergie potentielle magnétique (petite) est calculée par
différence des autres énergies (beaucoup plus grandes) et la
précision nécessite que lors de l'interaction les deux palets
s'approchent presque jusqu'au contact.
Amélioration par cumul de plusieurs séries de mesures
• Puisque les données finales ne dépendent que de l’énergie
magnétique, (identique avec les mêmes palets), on peut cumuler ces
données pour essayer d’améliorer le résultat final par effet
statistique.
• On obtient ainsi pour un autre choc :
c’est-à-dire :
(valeur inférieure aux précédentes, mais les palets n’ont pas des
coussins d’air tous aussi performants) :
• La représentation de
en fonction de
est la suivante :
L’ajustement donne :
et
(c’est-à-dire
).
• Puisque les différentes séries de données semblent compatibles,
on peut envisager de les cumuler ; avec quatre séries on obtient
le graphique suivant :
L’ajustement donne :
et
(c’est-à-dire
).
Ceci permet donc de diminuer les incertitudes, mais celle pour
est encore
totalement inacceptable et il n’est pas simple d’envisager le
cumul de plusieurs dizaines de séries de mesure pour améliorer de
façon radicale.
• Il est alors intéressant d'envisager une légère modification des
notations du modèle : le calcul de
est
imprécis parce que (puisque
est utilisé
avec des mesures en
)
il correspond à l'extrapolation du modèle jusqu'à des distances
sans rapport avec les conditions expérimentales (
à
).
En utilisant au contraire une expression de la forme
avec
on obtient plus raisonnablement
.
◊ remarque : si l'ordonnée à l'origine est très éloignée des
points mesurés, elle est à la fois peu contrainte et très corrélée
à la pente, d'où des incertitudes anormalement exagérées.
• En ce qui concerne l'exposant, on peut montrer que deux aimants
droits alignés et de sens contraires se repoussent avec une force
qui, en première approximation (pour des distances qui ne sont pas
trop petites), dérive d’une énergie potentielle en
. On
peut alors essayer d’intégrer l’effet des multiples aimants
entourant un anneau sur les multiples aimants entourant l’autre
anneau.
L’intégrale (double) est assez complexe, mais on peut calculer
numériquement
et
comparer à
au moyen d'un graphique logarithmique semblable au précédent :
- pour
(nettement plus que pour les mesures) on obtient
;
- pour
à
(correspondant aux mesures) on obtient
à
.
Cette comparaison ne met en évidence aucune incompatibilité, mais
elle est encore loin de confirmer la validité du modèle proposé.
L'exposant
expérimental semble un peu faible, mais la théorie envisagée
suppose des moments dipolaires quasi ponctuels et permanents,
approximation probablement médiocre lorsque les anneaux sont
proches (la taille des aimants n'est pas négligeable et ils
subissent en outre des effets induits tendant à diminuer leur
aimantation).
◊ remarque : évidemment, on peut proposer d'autres approches que
la méthode énergétique ; par exemple en mesurant la force (en
fonction de la distance) par une méthode statique (dynamomètres à
ressort), ou par une méthode dynamique (calcul du vecteur
accélération) ; il serait intéressant que certains groupes de TP
fassent preuve d'un peu d'audace...