TRACÉ ET MODÉLISATION DE CARACTÉRISTIQUES - corrigé du TP3
1. Caractéristique d'une diode
• Les composants électroniques évoluent (en s'améliorant) sans
cesse. Durant la période 1950-70 on étudiait beaucoup les lampes
diodes et triodes... ces dernières sont devenues obsolètes et
remplacées par des diodes et transistors à semi-conducteurs,
nettement plus performants. L'étude de ces composants, très
fréquente dans la période 1980-2010, va inexorablement devenir à son
tour obsolète à l'occasion de leur remplacement par d'autres
circuits encore plus efficaces.
L'important ici reste toutefois la démarche expérimentale,
éternelle... Quels que soient les dispositifs étudiés, il est
primordial d'en comprendre le fonctionnement pratique (même si les
détails techniques internes importent peu) et de savoir déterminer
et interpréter (modéliser) précisément leurs caractéristiques, en
utilisant les instruments de mesure à disposition, sans se laisser
piéger par les imperfections de ces derniers.
Les diodes font en outre intervenir des propriétés des
semi-conducteurs qui ne sont pas indépendantes de celles en œuvre
dans les cellules photovoltaïques des panneaux solaires.
2. Mesure de la courbe “caractéristique”
• Les mesures ont été effectuées pour les deux montages, avec
l'ampèremètre sur un calibre
.
On s'intéresse d'abord au domaine de la courte dérivation (sens
“passant”).
On constate que, pour une même valeur du courant, la tension mesurée
est plus grande avec le montage longue dérivation (courbe plus à
droite sur le graphique) : l'écart correspond à la tension aux
bornes de l'ampèremètre, dans ce cas non négligeable.
En reportant cette différence, on vérifie qu'elle varie de façon
linéraire : la pente correspond à la conductance de l'ampèremètre
sur ce calibre :
; soit .
◊ remarque : les courbes détaillées n'ont pas été reportées, mais
les mesures pour un calibre
donnent de façon analogue :
; soit .
• On constate donc effectivement que l'ampèremètre utilisé n'est pas
idéal : pour mesurer le courant il consomme une certaine puissance,
à laquelle est associée une tension non nulle entre ses bornes.
• On s'intéresse ensuite au domaine de la longue dérivation (sens
“bloqué”).
On constate alors que, pour une même valeur de la tension, le
courant mesuré est plus grand (en valeur absolue) avec le montage
courte dérivation (courbe plus en bas sur le graphique) : l'écart
correspond au courant dans le voltmètre, dans ce cas non
négligeable.
◊ remarque : pour cette diode et ce voltmètre, l'observation du
défaut de la courte dérivation nécessite l'observation du courant à
une échelle très petite (
).
En reportant cette différence, on vérifie qu'elle varie de façon
linéraire : la pente correspond à la conductance du voltmètre
:
; soit
.
Par contre, on constate qu'on obtient le même résultat pour
différents calibres (
; ;
).
Il s'agit ainsi probablement de la résistance d'entrée d'un même
circuit intégré à base d'A.O., qui ne fait que traiter ensuite
différemment le signal détecté selon le calibre utilisé.
• On constate donc que le voltmètre utilisé est presque idéal : pour
mesurer la tension il ne consomme pratiquement de puissance sur son
entrée (il en consomme sur son alimentation) ; avec l'évolution
technologique, les voltmètres sont de plus en plus “parfaits”.
◊ remarque : en attente de données fournies par les étudiants pour
ce qui concerne la résistance affichée par branchement direct d'un
ohmmètre.
3. Modélisation de la caractéristique
3.1. Modèle affine ; notions de f.c.e.m. et de résistance
• On peut tracer l'ensemble de la courbe caractéristique en
choisissant pour chaque zone la méthode de mesure appropriée.
• En première approximation (assez grossière) le courant est nul quand
la tension est négative
(sens bloqué) et la tension est nulle (relativement faible) quand le
courant est positif (sens passant).
En deuxième approximation, est positif
quand est égale à
une “tension seuil” :
.
En troisième approximation, le sens passant (la partie passante)
peut être décrit par :
◊ en notation de
Norton :
avec
et
;
◊ en notation de
Thévenin :
avec
et
.
Dans la partie bloquée, on peut considérer en notation de Norton
: I=I_c+G U avec I_c=0 et G=0
(générateur de Norton “idéal” de courant nul, équivalent à un
interrupteur ouvert).
◊ remarque : en quatrième approximation, un faible courant est
peut-être détecté dans le sens bloqué, mais il est compatible avec
zéro compte tenu des incertitudes ()
; on peut considérer au total une incertitude relative .
3.2. Modèle exponentiel
◊ remarque : ce modèle est “hors programme” ; c'est un
approfondissement à ne considérer que comme tel.
• Les semi-conducteurs sont ainsi nommés car ils disposent a priori
de peu de porteurs de charge mobiles pour transporter le courant,
mais que des conditions raisonnablement simples peuvent les rendre
plus conducteurs en “libérant” des porteurs de charge. Si le seuil
d'énergie à fournir pour cela est
, la
statistique de l'agitation thermique décrite par Boltzmann indique
que la probabilité de “libération” est proportionnelle à
(avec la constante des gaz parfaits
où est la
constante de Boltzmann).
Dans la diode, l'énergie requise peut être apportée par le champ
électrique (si la tension imposée agit dans le sens passant). En
notant
le faraday (charge d'une mole d'électrons en valeur absolue),
l'énergie apportée à un porteur par une tension serait
.
Mais les interactions liées à l'agitation thermique font que seule
une proportion de cette
énergie est utilisée pour cela ; on propose donc pour modèle une
courbe proportionnelle de la forme
avec
.
À part à l'approche du régime “bloqué”, cette modélisation semble
très bonne, avec
et
(ajusté sur la partie
).
• L'interprétation microscopique précédente est simplifiée ; une
description plus précise de l'ensemble de la courbe, incluant le
sens “bloqué”, doit tenir compte du fait que dans ce sens
l'agitation thermique peut toujours “libérer” quelques porteurs de
charge (très faible courant en sens inverse). Ceci conduit à une
expression de la forme
; on obtient ainsi
et .
4. Montage redresseur
• En attente de données fournies par les étudiants... on peut tout
de même effectuer une simulation ; la modélisation affine est pour
cela tout à fait suffisante.
On obtient pour le redressement “simple alternance” sinusoïdal (à
droite en mode XY) :
De même pour la “double alternance” triangulaire avec le pont de
Graetz :
• On constate l'inévitable perte associée à la f.c.e.m. (seuil) de
la diode, d'autant plus néfaste qu'elle correspond à une proportion
importante du signal (ce dernier a donc intérêt à être nettement
supérieur).
L'avantage de la double alternance est d'éviter de perdre la moitié
de l'énergie “récupérable” du signal, mis à part l'inévitable effet
du seuil. Mais l'inconvénient est que ce dernier est doublé puisque
ce pont comporte dans chaque voie deux diodes en série (le
doublement de la résistance associée importe peu car elle est très
faible). Il est donc dans ce cas encore plus important de travailler
avec des signaux nettement supérieurs au seuil.