EC.VII - RÉGIME SINUSOÏDAL - ADAPTATIONS


1. Puissance en régime sinusoïdal permanent

1.1. Puissance moyenne et valeurs efficaces

• La puissance instantanée reçue par un dipôle est :

p(t)=uAB(t)i(t)p(t)=u_{AB} (t) \:i(t)  (convention “récepteur”).
   
◊ remarque : la notation complexe est ici moins pratique car elle s'applique surtout aux opérations linéaires :  Re(u_i_)Re(u_)Re(i_) \mathrm{Re}(\underline{u} \:\underline{i})≠\mathrm{Re}(\underline{u}) \:\mathrm{Re}(\underline{i}) .
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On obtient ainsi en régime sinusoïdal :

p(t)=Umcos(ωt+ϕ)Imcos(ωt)p(t)=U_m \: \cos(ω \,t+ϕ) \; I_m \: \cos(ω \,t)

=12UmIm[cos(ϕ)+cos(2ωt+ϕ)]=\frac{1}{2}\, U_m \: I_m \: [\cos(ϕ)+\cos(2 \,ω \,t+ϕ)] .

Ceci donne une variation sinusoïdale autour de la puissance moyenne :

P=p=12UmImcos(ϕ)P=〈 p 〉 =\frac{1}{2} \, U_m \: I_m \: \cos(ϕ) .

• Pour un dipôle linéaire, sans f.e.m., la relation  Um=ZImU_m=Z \:I_m  correspond à :

P=12ZIm2cos(ϕ)=12RIm2P=\frac{1}{2} \, Z \:I_m^{\:2} \: \cos(ϕ)=\frac{1}{2} \,R \:I_m^{\:2} .

Ainsi, en moyenne, les inductances et capacités (réactances) restituent à certains moments autant d'énergie qu'elles consomment à d'autres moments.

• Pour retrouver une expression analogue à celle utilisée en régime continu, on définit les “valeurs efficaces” :  I=Im2\displaystyle I=\frac{I_m}{\sqrt{2}}  et  U=Um2\displaystyle U=\frac{U_m}{\sqrt{2}} .

Ainsi on obtient :  P=UIcos(ϕ)P=U\: I \: \cos(ϕ) ,  où le coefficient “cos(ϕ)\cos(ϕ)” est appelé “facteur de puissance” ; pour un dipôle linéaire :  P=ZI2cos(ϕ)=RI2P=Z \:I^2 \: \cos(ϕ)=R \:I^2 .

◊ remarque : II et UU ne sont pas des valeurs “continues” mais des moyennes quadratiques (on note  IeffI_{eff}  et  UeffU_{eff}  s'il y a un risque d'ambiguïté) :

I=1T0T[i(t)]2dt\displaystyle I=\sqrt{\frac{1}{T} \, ∫_0^T [i(t)]^2 \: dt}   ;   U=1T0T[u(t)]2dt\displaystyle U=\sqrt{\frac{1}{T} \, ∫_0^T [u(t)]^2 \: dt}  ;
ainsi le facteur 2\sqrt{2} provient de  sin2(ωt)=cos2(ωt)=12〈 \sin^2(ω \,t) 〉=〈 \cos^2(ω \,t) 〉=\frac{1}{2}  pour les sinusoïdes ; ce coefficient dépend de la forme du signal et il faut par exemple utiliser 3\sqrt{3} pour des signaux triangulaires.

◊ remarque : les réseaux de distribution d'énergie électrique imposent à leurs clients la condition  cos(ϕ)>0,9\cos(ϕ)>\text{0,9}  afin de faire circuler, pour PP et UU fixés, un courant  I=PUcos(ϕ)\displaystyle I=\frac{P}{U \:\cos(ϕ)}  le plus faible possible : ceci limite les pertes par effet Joule dans les lignes de transport.

◊ remarque : on peut utiliser la grandeur complexe :  P_=U_I_*=UIejϕ\underline{P}=\underline{U} \: \underline{I}^{*}=U \:I \:\mathrm{e}^{\mathrm{j}ϕ} ,  mais cette quantité (“produit scalaire” des représentants complexes U_\underline{U} et I_\underline{I}) ne respecte pas la convention usuelle :

ce n'est pas un représentant de PP, puisque  P|P_|P≠\left|\, \underline{P} \,\right|  ;

ce n'est pas un représentant de p(t)p(t) ,  puisque  Re(P_)=P\mathrm{Re}(\underline{P})=P  ne représente pas les variations de p(t) p(t) .

1.2. Adaptation d’impédance

• Le facteur de puissance influence le choix des dipôles intervenant dans les circuits si on veut obtenir une "bonne adaptation".

Pour un générateur de f.e.m. efficace  E_=E\underline{E}=E  (référence des phases) et d'impédance Z_\underline{Z} , branché sur un “circuit utile” d'impédance Z_\underline{Z}' , comment ajuster Z_\underline{Z}' pour que la puissance reçue par Z_\underline{Z}' soit maximum ? sinAdapt_im/sinAdapt_im4.jpg

L'impédance du circuit total en série est  Z_+Z_\underline{Z}+\underline{Z}'  et le courant est :  I_=EZ_+Z_\displaystyle \underline{I}=\frac{E}{\underline{Z}+\underline{Z}'} .  La tension aux bornes du circuit utile est :  U_=Z_I_\underline{U}=\underline{Z}' \:\underline{I}  et la puissance moyenne reçue par le circuit utile est :  P=RI2P=R' \:I^2  avec  R=Re(Z_)R'=\mathrm{Re}(\underline{Z}') .

Pour ajuster Z_\underline{Z}' , on doit ajuster deux paramètres réels indépendants ; on peut par exemple poser :  Z_=R+jS\underline{Z}=R+\mathrm{j} \,S  et  Z_=R+jS\underline{Z}'=R'+\mathrm{j} \,S'  puis ajuster RR' et SS'.

Pour Z_\underline{Z} et RR' fixés, la puissance  P=RI2=E2R(R+R)2+(S+S)2\displaystyle P=R' \:I^2=\frac{E^2 \: R'}{\left(R+R'\right)^2+\left(S+S'\right)^2}  est maximum pour  S=SS'=-S .  Dans ces conditions (pour  S=SS'=-S  fixé),  P=E2R(R+R)2\displaystyle P=\frac{E^2 \: R'}{\left(R+R'\right)^2}   est maximum pour  R=RR'=R   (et  Pmax=E24R\displaystyle P_{max}=\frac{E^2}{4 \,R} ).

◊ remarque : pour un générateur donné, l'adaptation n'est que médiocre : l'effet Joule dans le générateur est aussi grand que la puissance utile ; si on a le choix du générateur, il faut choisir RR plus faible et EE plus grande.

◊ remarque : inversement, il est utile de transporter l'énergie électrique avec de plus faibles courants ( III'≪I ) dans des lignes à plus haute tension  ( UUU'≫U ) ; pour une même puissance  PUIUIP≈U \:I≈U' \:I'  consommée par l'utilisateur, la puissance  P=rI2P'=r \:{I'}^2  perdue dans les lignes est d'autant plus faible (mais cela se limite au transport car les hautes tensions sont dangereuses, donc il faut utiliser des transformateurs en régime sinusoïdal).

📖 exercice n° I.

2. Influence de la fréquence ; circuit “RLC” série

2.1. Résonance en courant (étude du résistor)

• On considère un circuit “RLC” série soumis à une f.e.m. e(t)e(t) sinusoïdale :

e_(t)=E_mejωt\underline{e}(t)=\underline{E}_m \: \mathrm{e}^{\mathrm{j}ωt} ,   où   E_m=Emejϕ\underline{E}_m=E_m \: \mathrm{e}^{\mathrm{j}ϕ} .

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Après amortissement d'un régime transitoire, le courant est :

i_(t)=I_mejωt\underline{i}(t)=\underline{I}_m \: \mathrm{e}^{\mathrm{j}ωt} ,   où    I_m=Imejψ\underline{I}_m=I_m \: \mathrm{e}^{\mathrm{j}ψ} .

On convient ici de choisir l'origine des temps telle que  ψ=0ψ=0  (référence des phases),  donc  I_m=Im\underline{I}_m=I_m  réel.

• On en déduit :   i_(t)=e_(t)Z_\displaystyle \underline{i}(t)=\frac{\underline{e}(t)}{\underline{Z}}   avec   Z_=R+j(Lω1Cω)\displaystyle \underline{Z}=R+\mathrm{j} \:\left(L \:ω-\frac{1}{C \:ω}\right)  ;  donc :  Im=EmZ\displaystyle I_m=\frac{E_m}{Z}  avec   Z=|Z|=R2+(Lω1Cω)2\displaystyle Z=\left|\,Z\,\right|=\sqrt{R^2+\left(L \,ω-\frac{1}{C \,ω}\right)^2}   et   ϕ=arg(Z_)=arctan(Lω1CωR)\displaystyle ϕ=\arg(\underline{Z})=\arctan⁡\left(\frac{L \,ω-\frac{1}{C \,ω}}{R}\right) .

• Qualitativement, on constate qu'à basse fréquence :  Z1CωR\displaystyle Z≈\frac{1}{C \,ω}≫R  ;  le condensateur gène le passage du courant continu : c'est le régime capacitif.

À haute fréquence :  ZLωRZ≈L \,ω≫R  ;  la bobine gène les variations rapides du courant à cause des variations de flux magnétique : c'est le régime inductif.

Aux fréquences moyennes :  ZRZ≈R  est minimum et  Im=EmZ\displaystyle I_m=\frac{E_m}{Z}  est maximum : c'est le régime résistif.

On observe ainsi une “résonance” pour  ω=ω0=1LC\displaystyle ω=ω_0=\frac{1}{\sqrt{L \,C}}  (pulsation propre) et cette résonance est d'autant plus amortie que RR est grand :  ImM=EmR\displaystyle I_{m_M}=\frac{E_m}{R} .

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 • De même pour la phase, on observe un “saut de phase” pour  ω=ω0ω=ω_0  (avec  ϕ=0ϕ=0  à la résonance) et ce saut est d'autant plus amorti que RR est grand.

À basse fréquence :  tan(ϕ)1RCω<0\displaystyle \tan⁡(ϕ)≈-\frac{1}{R \,C \,ω}<0  ;  ii est en avance sur ee car il faut le temps de charger le condensateur.

À haute fréquence :  tan(ϕ)LωR>0\displaystyle \tan⁡(ϕ)≈\frac{L \,ω}{R}>0  ;  ee est en avance sur ii car la bobine s'oppose aux variations du courant.

Enfin à la résonance :  tan(ϕ)0\tan⁡(ϕ)≈0  ;  ee est en phase avec ii (régime résistif).

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• Les variations de Z_\underline{Z} et les régimes qui en découlent peuvent être représentés par des “diagrammes de Fresnel”, qui décrivent Z_\underline{Z} dans le plan complexe (on peut également tracer un diagramme de Fresnel pour les tensions, cela revient à tout multiplier par ImI_m).

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• On peut caractériser l'acuité de la résonance par la “bande passante”, définie comme l'intervalle de fréquence où :  |Lω1Cω|R\displaystyle \left|L \,ω-\frac{1}{C \,ω}\right|≤R  (régime résistif). Ceci correspond aux valeurs de ωω telles que :  ImM2Im(ω)ImM\displaystyle \frac{I_{m_M}}{\sqrt{2}}≤I_m (ω)≤I_{m_M} ,  mais aussi telles que :  π4ϕπ4-\frac{π}{4}≤ϕ≤\frac{π}{4} .
La résolution de l'inéquation conduit à la bande passante :  ω=RL\displaystyle ∆ω=\frac{R}{L} ,  d'autant plus large que l'amortissement est grand.

◊ remarque : on repère aussi l'acuité de la résonance par le “facteur de qualité”, ou “facteur de surtension” :   Q=ω0ω=Lω0R=1RCω0\displaystyle Q=\frac{ω_0}{∆ω}=\frac{L \,ω_0}{R}=\frac{1}{R \,C \,ω_0} .

◊ remarque : on a supposé que RRLL et CC sont des constantes (indépendantes de la fréquence) ; le principal défaut de ce modèle trop simple est que le champ magnétique variable dans une bobine réelle fait nettement varier R(ω)R(ω) (“effet de peau” et courants induits dans le noyau s'il y en a un).

2.2. Résonance en charge (étude du condensateur)

• On peut également étudier la résonance en tension  u=uCu=u_C  aux bornes du condensateur (dont la charge est l'analogue de l'amplitude de mouvement pour les systèmes mécaniques).

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Les différences essentielles pour les variations de UmU_m sont :

que la fréquence de résonance dépend de RR : elle est d'autant inférieure à la fréquence propre que la résistance est grande ; elle tend vers zéro pour une valeur “critique”  R=Rc=2LC\displaystyle R=R_c=\sqrt{\frac{2 \,L}{C}}  (différente de celle des régimes transitoires) ; il n'y a pas de maximum UmMU_{m_M} pour  RRcR≥R_c  ;

que UmU_m ne tend pas vers zéro mais vers EmE_m quand la fréquence tend vers zéro ; le facteur de surtension (d'où son nom) est alors égal à  Q=UmMEm\displaystyle Q=\frac{U_{m_M}}{E_m}  .

La différence essentielle pour les variations de la phase ϕϕ' de uC(t)u_C (t) par rapport à e(t)e(t) est que cette phase varie de 00 à π (alors que la phase ϕϕ de i(t)i(t) par rapport à e(t)e(t) varie de  π2\frac{π}{2}  à  π2-\frac{π}{2} ).

📖 exercice n° II.