EC.V - RÉGIMES TRANSITOIRES - CIRCUIT RLC


1. Équation générale

• Pour un circuit “RLC” en série, la loi des mailles peut s'écrire :

Ri+Ldidt+1Ci(t)dt=e(t)\displaystyle R \:i+L \: \frac{di}{dt}+\frac{1}{C} \,∫ \,i(t) \:dt=e(t) .

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Il est toutefois préférable de choisir la variable plus adaptée  u=qC\displaystyle u=\frac{q}{C}  ;  ainsi :

1ω02ü+2αω02u˙+u=e(t)\displaystyle \frac{1}{ω_0^{\:2}} \, \ddot{u}+\frac{2\,α}{ω_0^{\:2}} \, \dot{u}+u=e(t)   avec   α=R2L\displaystyle α=\frac{R}{2 \,L}  ;  ω0=1LC\displaystyle ω_0=\frac{1}{\sqrt{L \,C}} .

◊ remarque : on peut aussi utiliser le “facteur de qualité”  𝒬=ω02α\displaystyle 𝒬=\frac{ω_0}{2 \,α}  avec lequel l'équation s'écrit :  1ω02ü+1𝒬ω0u˙+u=e(t)\displaystyle \frac{1}{ω_0^{\:2}} \, \ddot{u}+\frac{1}{𝒬\:ω_0} \, \dot{u}+u=e(t) .

☞ remarque : des calculs analogues se retrouvent en mécanique :

Lq̈+Rq˙+1Cq=Emẍ+λx˙+kx=F\displaystyle L \:\ddot{q}+R \:\dot{q}+\frac{1}{C} \, q=E \: ↔ \: m \:\ddot{x}+λ \:\dot{x}+k \:x=F  ;
xqx↔q  ;  k1C\displaystyle k↔\frac{1}{C}  ;  T=kxu=1Cq\displaystyle T=k \:x↔u=\frac{1}{C} \, q  ;  12kx212Cq2=12Cu2\displaystyle \frac{1}{2} k \:x^2↔\frac{1}{2\,C} \, q^2=\frac{1}{2} C \:u^2  ;
v=x˙i=q˙v=\dot{x}↔i=\dot{q}   ;   f=λvu=Rif=λ \:v↔u=R \:i  ;  mLm↔L  ;  12mv212Li2\frac{1}{2} m \,v^2↔\frac{1}{2} L \:i^2 .

• Pour chercher les solutions d'une équation différentielle linéaire, on peut utiliser le fait que la différence de deux solutions est solution d'une équation simplifiée (dite “homogène”) dont le second membre est nul.

Ainsi, la solution générale de l'équation complète peut être calculée comme la somme :

d'une solution particulière de l'équation complète ;
de la solution générale de l'équation homogène.

Pour un circuit soumis à un échelon de tension :  e(t)=Ee(t)=E ou EE'  est “constante par morceaux” ; on peut donc chercher une solution particulière constante par morceaux. On vérifie alors que  u(t)=e(t)u(t)=e(t)  est solution (pour chaque morceau).

Pour l'équation homogène, on cherche des solutions de même forme que leurs dérivées (pour obtenir un total nul) ; on peut les chercher sous la forme  U0ertU_0 \: \mathrm{e}^{r \,t}  (avec des constantes U0U_0 et rr∈ℂ ). On aboutit alors à l'équation caractéristique :  r2+2αr+ω02=0r^2+2 \,α \:r+ω_0^{\:2}=0  dont le discriminant est :  Δ=4(α2ω02)Δ=4 \:(α^2-ω_0^{\:2}) .

2. Régime pseudo-périodique

• Dans le cas  Δ<0Δ<0 ,  c'est-à-dire  R<Rc=2LC\displaystyle R<R_c=2 \:\sqrt{\frac{L}{C}} ,  on obtient les racines :

r=α+jωr'=-α+j ω   et   r=αjωr''=-α-j ω   avec   ω=ω02α2ω=\sqrt{ω_0^{\:2}-α^2}  (et  j2=1 j^2=-1 ).

• Pour  t0t≤0 ,  la solution (forcément réelle) est de la forme pseudo-périodique :  u(t)=eαt[Acos(ωt)+Bsin(ωt)]+Eu(t)=\mathrm{e}^{-α \,t} \: [A \: \cos(ω \:t)+B \: \sin(ω \:t)]+E ,  mais la seule solution physiquement acceptable est :  u(t)=Eu(t)=E  constante.

Pour  t0t≥0 ,  la solution s'écrit :  u(t)=eαt[Acos(ωt)+Bsin(ωt)]+Eu(t)=\mathrm{e}^{-α \,t} \: [A' \: \cos(ω \:t)+B' \: \sin(ω \:t)]+E'  ; selon les conditions initiales  ( u(0)=Eu(0)=E  ;  i(0)=Cu˙(0)=0i(0)=C \:\dot{u}(0)=0 )  on en déduit :  u(t)=(EE)eαt[cos(ωt)+αωsin(ωt)]+E\displaystyle u(t)=(E-E') \: \mathrm{e}^{-α \,t} \: [\cos(ω \:t)+\frac{α}{ω} \, \sin(ω \:t)]+E' .

☞ rappel : la capacité impose la continuité de  q=Cuq=C \:u  ;  l'inductance impose la continuité de  i=Cu˙i=C \:\dot{u} .

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◊ remarque : la quantité  T=2πω\displaystyle T=\frac{2π}{ω}  (pseudo-période) correspond au “double écart” entre extremums relatifs, ou entre passages par la valeur limite  EE' ,  ou encore entre points de tangence avec “l'enveloppe” (légèrement décalés par rapport aux extremums).

◊ remarque : la tangente pour  t=0t=0  est horizontale (le courant ne peut pas varier brusquement à cause de l'inductance) donc l'amplitude des enveloppes exponentielles pour  t=0t=0  est :  (EE)1+α2ω2>(EE)\displaystyle (E'-E) \sqrt{1+\frac{α^2}{ω^2}}>(E'-E) .

◊ remarque : le logarithme du rapport entre deux maximum (ou minimums, ou points de tangence supérieurs, ou points de tangence inférieurs) successifs est appelé “décrément logarithmique” :  δ=αTδ=α \:T .

• Le courant de charge du condensateur de capacité CC est alors de la forme :

i(t)=Cdudt=EELωeαtsin(ωt)\displaystyle i(t)=C \:\frac{du}{dt}=\frac{E'-E}{L \:ω} \: \mathrm{e}^{-α \,t} \; \sin(ω \:t) .

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3. Régime apériodique

• Dans le cas  Δ>0Δ>0 ,  c'est-à-dire  R>Rc=2LC\displaystyle R>R_c=2 \:\sqrt{\frac{L}{C}} ,  on peut écrire :

r=α+βr'=-α+β   et   r=αβr''=-α-β   avec   β=α2ω02β=\sqrt{α^2-ω_0^{\:2}} .

• Pour  t0t≤0 ,  la solution peut s'écrire :  u(t)=Aeλt+Beμt+Eu(t)=A \:\mathrm{e}^{-λ \,t}+B \:\mathrm{e}^{-μ \,t}+E  (en posant :  λ=αβ>0λ=α-β>0  et  μ=α+β>λμ=α+β>λ )  mais la seule solution physiquement acceptable est :  u(t)=Eu(t)=E  constante.

Pour  t0t≥0 ,  la solution est de la forme :  u(t)=Aeλt+Beμt+Eu(t)=A' \:\mathrm{e}^{-λ \,t}+B' \:\mathrm{e}^{-μ \,t}+E'  ;  d'après les conditions initiales :  u(t)=EEμλ(μeλtλeμt)+E\displaystyle u(t)=\frac{E-E'}{μ-λ} \:\left(μ \:\mathrm{e}^{-λ \,t}-λ \:\mathrm{e}^{-μ \,t}\right)+E' .

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◊ remarque :

le terme  eμt\mathrm{e}^{-μ \,t}  décroît très vite et n'a d’influence que pour  t0t≈0  (tangente horizontale pour  t=0t=0  car les variations du courant sont limitées par l'inductance) ;

ensuite, le terme  eλt\mathrm{e}^{-λ \,t}  est prépondérant et son amplitude pour  t=0t=0  est :  (EE)μμλ>(EE)(E'-E) \, \frac{μ}{μ-λ}>(E'-E)  ;

la représentation à plus grande échelle a l’allure ci-contre.
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• Le courant de charge du condensateur est dans ce cas de la forme :

i(t)=Cdudt=EE2Lβ(eλteμt)\displaystyle i(t)=C \, \frac{du}{dt}=\frac{E-E'}{2 \:L \:β} \, (\mathrm{e}^{-λ \,t}-\mathrm{e}^{-μ \,t} ) .

◊ remarque : ici encore le terme  eμt\mathrm{e}^{-μ \,t}  décroît très rapidement.

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4. Régime critique

◊ remarque : le cas critique est une limite mathématique pouvant sembler sans intérêt physique ; en pratique, son étude est très utile car nombreux sont les dispositifs pour lesquels un fonctionnement quasi-critique est très bénéfique.

• Pour  Δ=0Δ=0   ( R=Rc=2LC\displaystyle R=R_c=2 \;\sqrt{\frac{L}{C}} )   la valeur  r=α=ω0r=-α=-ω_0  est racine double.

Or, la solution générale d'une équation différentielle du second ordre doit dépendre de deux constantes d'intégration, donc il doit y avoir d'autres solutions que celles de la forme  U0ertU_0 \: \mathrm{e}^{r \,t} .

Les fonctions du type  P(t)ertP(t) \:\mathrm{e}^{r \,t}  avec P(t)P(t) polynôme sont aussi de même forme que leurs dérivées ; on obtient ainsi la solution générale “homogène” avec un polynôme du premier degré.

◊ remarque : on peut aussi retrouver ceci par la méthode de “variation de la constante” appliquée à U0U_0 .

• Pour  t0t≤0 ,  la solution est de forme :  u(t)=(A+Bt)eαt+Eu(t)=(A+B \:t) \;\mathrm{e}^{-α \,t}+E  (apériodique “critique”) mais la seule solution physiquement acceptable est :  u(t)=Eu(t)=E  constante.

Pour  t0t≥0 ,  la solution est de forme :  u(t)=(A+Bt)eαt+Eu(t)=(A'+B' \:t) \;\mathrm{e}^{-α \,t}+E'  et d'après les conditions initiales :  u(t)=(EE)(1+αt)eαt+Eu(t)=(E-E')(1+α \:t)\;\mathrm{e}^{-α \,t}+E' .

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◊ remarque : le terme  1+αt1+α \:t  rend horizontale la tangente à  t=0t=0  (le courant ne peut pas varier brusquement à cause de l'inductance).

• Le courant de charge du condensateur est alors de la forme :

i(t)=Cdudt=EELteαt\displaystyle i(t)=C\, \frac{du}{dt}=\frac{E-E'}{L\:} \: t \;\mathrm{e}^{-α \,t}  ;  maximum pour  t=1α=1ω0=2LR=RC2\displaystyle t=\frac{1}{α}=\frac{1}{ω_0} =\frac{2 \,L}{R}=\frac{R \,C}{2} .

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📖 exercices n° I, II et III.

5. Temps de réponse à 5 %

• Le régime critique correspond environ à l'amortissement le plus rapide. Pour préciser, on peut estimer le “temps de réponse à 5%5 \:%”  TrT_r  en fonction de αα (ou en “variables réduites”  ω0Trω_0 \, T_r  en fonction de  ξ=αω0\displaystyle ξ=\frac{α}{ω_0} ) :

pour le régime pseudo-périodique  (ξ<1ξ<1)  l'amortissement est décrit essentiellement par  eαt\mathrm{e}^{-α \,t}  ;  ainsi  ω0Trln(20)ξ\displaystyle ω_0 \,T_r≈\frac{\ln(20)}{ξ}  ;

pour le régime apériodique  (ξ>1ξ>1)  l'amortissement est décrit essentiellement par  eλt\mathrm{e}^{-λ \,t}  ;  ainsi  ω0Tr2ξln(20)ω_0 \,T_r≈2 \,ξ \; \ln(20)  ;

pour le régime critique  (ξ=1ξ=1)  l'amortissement est décrit essentiellement par  αteαtα \:t \;\mathrm{e}^{-α \,t}  ;  ainsi  ω0Tr4,74ω_0 \,T_r≈\text{4,74}  (résolution numérique)  ;

l'intersection des deux comportements asymptotiques correspond à  ξ0,7ξ≈\text{0,}7  et  ω0Tr3ω_0\, T_r≈3 .


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6. Portrait de phase

• L'énergie emmagasinée dans l'inductance et le condensateur peut s'écrire :

=12Li2+12Cu2=12C.(u2+(u˙ω0)2)\displaystyle ℰ=\frac{1}{2} L \:i^2+\frac{1}{2} C \:u^2=\frac{1}{2} C .\left(u^2+\left(\frac{\dot{u}}{ω_0} \right)^2 \right).

Dans un “espace des phases” avec les coordonnées  (u;u˙ω0)\displaystyle \left(u \:;\frac{\dot{u}}{ω_0} \right) ,  les courbes d'énergie constante sont des cercles centrés à l'origine.

Lors d'une “décharge” (générateur éteint), compte tenu de la dissipation d'énergie par la résistance, les courbes parcourues sont plus ou moins des spirales rejoignant l'origine.

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