E.M.II - THÉORÈME DE GAUSS



1. Flux électrostatique ; théorème de Gauss

1.1. Notion d'angle solide

• De même que la longueur d'un arc de cercle d'angle donné est proportionnelle au rayon, l'aire sphérique délimitée par un cône (non nécessairement régulier) est proportionnelle au carré du rayon.

Gauss_Im/angle.jpg

Gauss_Im/sterangle.jpg


On peut définir une mesure d'un angle par le rapport  θ=LR\displaystyle θ=\frac{L}{R}  et de même une mesure d'un “angle solide” (“stérangle” ?) par le rapport  Ω=SR2\displaystyle Ω=\frac{S\,}{R^2}  .

L'unité des mesures d'angles est le radian (rad\mathrm{rad}) et celle pour les angles solides est le stéradian (sr\mathrm{sr}).


◊ remarque : l'angle solide complet autour d'un point mesure 4πsr4π \:\mathrm{sr} .


1.2. Théorème de Gauss

• Le flux ΦΦ d'un champ de vecteurs E(M)\overset{→}{E}(M) à travers une surface SS est défini par :  Φ=SEdS\displaystyleΦ=∬_S \overset{→}{E}∙d\overset{→}{S}  où  dSd\overset{→}{S}  désigne un élément de surface au point MM de SS .

• Les propriétés des charges sont liées au flux ΦΦ du champ électrostatique.

Pour une charge ponctuelle :  dΦ=EdS=q4πε0urdSr2=q4πε0dΩ\displaystyle dΦ=\overset{→}{E}∙d\overset{→}{S}=\frac{q}{4π \,ε_0} \frac{\overset{→}{u}_r∙d\overset{→}{S}}{r^2} =\frac{q}{4π \,ε_0} \: dΩ   où dΩ est l’angle solide sous lequel on “voit” dSdS à partir de la position de qq .

Gauss_Im/Gauss_Im1.jpg

Ainsi, pour une surface S fermée, le flux sortant se déduit par addition des charges intérieures :  Φ=SEdS=Qint4πε0dΩ=Qintε0\displaystyle Φ=∬_S \overset{→}{E}∙d\overset{→}{S}=\frac{Q_{int}}{4π \:ε_0} \, ∬ dΩ=\frac{Q_{int}}{ε_0}   (théorème de Gauss).

Gauss_Im/Gauss_Im2.jpg

Pour une charge qq extérieure, dans tout angle solide les entrées et sorties se compensent (contribution nulle).

Pour chaque qiq_i intérieure, il y a dans chaque dΩ une sortie de plus que d'entrées ; la contribution complète au flux est :  Φi=SEidS=qi4πε0dΩ=qiε0\displaystyle Φ_i=∬_S \overset{→}{E}_i∙d\overset{→}{S}=\frac{q_i}{4π \:ε_0} \, ∬ dΩ=\frac{q_i}{ε_0}  et le flux total est  Φ=ΦiΦ=∑ \,Φ_i .

• Si les symétries permettent un calcul littéral de ΦΦ en fonction du champ, alors on peut déduire ce champ de la charge intérieure :  Qint=𝒱ρdτ\displaystyle Q_{int}=∭_𝒱 ρ \:dτ  où 𝒱𝒱 est le volume délimité par SS .

📖 exercices n° I, II et III.

2. Boule uniformément chargée en volume

• Pour une boule de rayon RR , chargée d’une densité volumique ρρ uniforme (donc de charge totale  Q=43πR3ρQ=\frac{4}{3} π \:R^3 \: ρ ) :

par symétrie selon le rayon, le champ est radial :  E(r,θ,ϕ)=Er(r,θ,ϕ)ur\overset{→}{E}(r,θ,ϕ)=E_r (r,θ,ϕ) \;\overset{→}{u}_r  ;
par invariance des charges dans les rotations θθ et ϕϕ , la composante radiale ne dépend que de rr :  Er(r,θ,ϕ)=Er(r)E_r (r,θ,ϕ)=E_r (r)  ;
le flux sortant d’une sphère concentrique de rayon rr est :  Φ(r)=4πr2Er(r)Φ(r)=4π \:r^2 \: E_r(r)  ;

Gauss_Im/Gauss_Im3.jpg


pour  rRr≤R :

Qint(r)=Qr3R3\displaystyle Q_{int} (r)=Q \, \frac{r^3}{R^3}   ;
Er(r)=Q4πε0rR3\displaystyle E_r(r)=\frac{Q}{4π \:ε_0} \frac{r\,}{R^3}   ;
pour  rRr≥R :

Qint(r)=QQ_{int} (r)=Q  ;
Er(r)=Q4πε01r2\displaystyle E_r(r)=\frac{Q}{4π \:ε_0} \frac{1}{r^2}  .

Gauss_Im/Gauss_Im4.jpg

☞ remarque : pour une distribution à symétrie sphérique, le champ extérieur est le même que si toute la charge était au centre.

• On peut ensuite en déduire le potentiel :

pour  rRr≥R :  V(r)=Q4πε01r\displaystyle V(r)=\frac{Q}{4π \:ε_0} \frac{1}{r}   (en choisissant  V=0V_∞=0 )  ;
pour  rRr≤R :  V(r)=Q4πε03R2r22R3\displaystyle V(r)=\frac{Q}{4π \:ε_0} \, \frac{3 \,R^2-r^2}{2 \,R^3}   (par continuité  V(R)=Q4πε01R\displaystyle V(R)=\frac{Q}{4π \:ε_0} \frac{1}{R} ).

Gauss_Im/Gauss_Im5.jpg

📖 exercice n° IV.

3. Sphère uniformément chargée en surface

• La situation est analogue pour une sphère de rayon RR , chargée d’une densité surfacique σσ uniforme  (donc de charge totale  Q=4πR2σQ=4π \:R^2 \: σ ) :

Gauss_Im/Gauss_Im6.jpg

La différence est pour  r<Rr<R :  Qint(r)=0Q_{int} (r)=0   et  Er(r)=0E_r(r)=0 .

Donc le potentiel pour  rRr≤R  est uniforme :  V(r)=Q4πε01R\displaystyle V(r)=\frac{Q}{4π ε_0} \frac{1}{R}  (par continuité).

Gauss_Im/Gauss_Im7.jpg

☞ remarque : de manière générale, une distribution surfacique des charges donne un champ électrostatique discontinu, mais un potentiel continu.

4. Modèle théorique du plan “infini” uniformément chargé

• Pour  étudier le champ au voisinage d'un plan uniformément chargé, on utilise souvent le modèle du plan “infini”, approximation supposée valide dès qu'on se limite à une partie de l'espace limitée en comparaison de la taille du plan réel (forcément fini) : près du plan et loin des bords.

Ce modèle est toutefois souvent trop simpliste : le résultat du calcul complet dépend de la façon dont on fait tendre le plan vers l'infini.

• Pour un plan “infini”, avec une densité surfacique σσ uniforme :

par invariance des charges dans les translations yy et zz , le champ ne dépend que de xx :  E(x,y,z)=E(x)\overset{→}{E}(x,y,z)=\overset{→}{E}(x)  ;
par symétrie selon (Ox)(Ox), le champ est “normal” :  E(x)=Ex(x)ux\overset{→}{E}(x)=E_x (x) \;\overset{→}{u}_x  ;
par symétrie selon le plan, la valeur est “impaire” :  Ex(x)=Ex(x)E_x (-x)=-E_x (x) .

Gauss_Im/plan.jpg

Pour un plan réel (fini) ces propriétés de ExE_x restent raisonnablement valables, mais il peut exister des composantes  Ey(x,y,z) E_y (x,y,z)  et  Ez(x,y,z)E_z (x,y,z)  non négligeables.

• Avec le modèle du plan “infini”, pour un “parallélépipède de Gauss” symétrique, le flux sortant se limite a celui à travers les faces parallèles au plan yOzyOz ;

le flux sortant est donc :

Φ(|x|)=2abEx(|x|)Φ(|x|)=2 \,a \:b \:E_x (|x|)  ;
pour  x>0x>0 :  Qint(|x|)=abσQ_{int} (|x|)=a \:b \:σ  et   Ex(x)=σ2ε0\displaystyle E_x (x)=\frac{σ}{2 \,ε_0}  (indépendant de xx ) ;
pour  x<0x<0 :  Ex(x)=σ2ε0\displaystyle E_x (x)=-\frac{σ}{2 \,ε_0}  (seul change le signe).

Pour un plan réel (fini) l'expression de ExE_x reste raisonnablement valable pour  |x|a|x|≪a  et  bb , dans la mesure où on peut supposer négligeable de flux “latéral”. Mais il peut exister des composantes  EyE_y  et  EzE_z  non négligeables et ici inconnues.

Gauss_Im/parallelepipede.jpg

Gauss_Im/Gauss_Im9.jpg

• Au total, il apparaît que les symétries peuvent être un outil de raisonnement permettant des simplifications efficaces, mais que toute approximation doit être sérieusement justifiée.

• On peut ensuite en déduire le potentiel ; pour un plan “infini” il n'y a qu'une dérivée  Ex=dVdx\displaystyle E_x=-\frac{dV}{dx}  donc :

pour  x>0x>0 :  V(x)=σ2ε0x\displaystyle V(x)=-\frac{σ}{2 \,ε_0}\, x  (ici  V0V_∞≠0  car il y a des charges à l’infini... il faut alors choisir une abscisse de référence arbitraire) ;
pour  x<0x<0 :  V(x)=σ2ε0x=σ2ε0|x|\displaystyle V(x)=\frac{σ}{2 \,ε_0}\, x=-\frac{σ}{2 \,ε_0} \, |x|  (par continuité).

Pour un plan réel (fini), outre les limitations dans la validité de cette expression, il s'y ajoute une quantité  f(y,z)f(y,z)  ici inconnue.

◊ remarque : dans le cas du condensateur plan, constitué de deux plaques parallèles portant des charges opposées, le modèle du plan “infini” s'applique bien mieux et à juste titre car les effets transverses des deux plaques se compensent en très bonne approximation.
 
📖 exercices n° V, VI, VII, VIII, IX, X et XI.


5. Analogie électromécanique ; champ de gravitation

• L'analogie entre le champ coulombien  E=14πε0qr2ur\displaystyle \overset{→}{E}=\frac{1}{4π \:ε_0}\, \frac{q}{r^2} \: \overset{→}{u}_r  pour une charge ponctuelle et le champ newtonien   g=𝒢mr2ur\displaystyle \overset{→}{g}=-𝒢 \: \frac{m}{r^2} \: \overset{→}{u}_r  pour une masse ponctuelle montre que le théorème de Gauss se transpose au calcul du flux gravitationnel en fonction de la répartition de la masse (par exemple selon une masse volumique μμ ) :  Φ=SgdS=4π𝒢𝒱μdτ=4π𝒢Mint\displaystyle Φ'=∬_S \overset{→}{g}∙d\overset{→}{S}=-4π \:𝒢\,∭_𝒱 μ \:dτ=-4π \:𝒢 \:M_{int} .