ÉM.V - CHAMP MAGNÉTOSTATIQUE


Densité de courant

• On se limite ici aux champs magnétostatiques créés par des courants permanents (pour des circuits immobiles parcourus par des courants continus).

• De même qu’on décrit la répartition des charges par une “densité volumique de charge” :  ρ=dQdτ\displaystyle ρ=\frac{dQ}{dτ} ,  on peut décrire la “répartition” du courant à travers la section d’un conducteur par une “densité de courant” :  j=ρivi\overset{→}{j}=∑ \:ρ_i \: 〈\overset{→}{v}_i 〉  (somme sur types de porteurs de charge) telle que le courant à travers la section d’un conducteur soit :  I=jdSI=∬ \:\overset{→}{j}⋅d\overset{→}{S} .

◊ remarque : on ajoute constructivement les contributions des porteurs de charge positifs et négatifs.

• On se limite ici à l’étude de circuits “filiformes” (on ignore la répartition du courant, donc l'étude est moins approfondie que celle de l’électrostatique).

Loi de Biot et Savart pour un circuit filiforme

• Pour un circuit (fermé) filiforme orienté CC , parcouru par un courant II constant (on oriente le circuit dans le sens du courant), le champ magnétique créé en un point MM peut s’écrire (loi de Biot et Savart) :  B=μ04πCId𝓁×urr2\displaystyle \overset{→}{B}=\frac{μ_0}{4π} \, ∫_C \frac{I \:d\overset{→}{𝓁} × \overset{→}{u}_r}{r^2}
avec   d𝓁=dOPd\overset{→}{𝓁}=d\overset{⟶}{OP}   “élément infinitésimal du circuit”  ;  r=PMr=PM  ;  ur=PMr\displaystyle \overset{→}{u}_r=\frac{\overset{⟶}{PM}}{r}  ;
μ0=1ε0c24π.107H.m1\displaystyle μ_0=\frac{1}{ε_0 \: c^2}≈4π.{10}^{-7} \: \mathrm{H.m^{-1}}   “perméabilité magnétique du vide”.

• À cause du produit vectoriel, la contribution  dB=μ04πId𝓁×urr2\displaystyle \overset{→}{dB}=\frac{μ_0}{4π} \: \frac{I \:\overset{→}{d𝓁} × \overset{→}{u}_r}{r^2}   à l’intégrale est orthoradiale (la contribution analogue en électrostatique est radiale).

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De ce fait, le champ magnétique B\overset{→}{B} est un “pseudo-vecteur” ; c’est-à-dire que, pour une symétrie plane, il est transformé en l’opposé de son “symétrique” géométrique (de même qu’un “vecteur surface” S\overset{→}{S} ).

Application au calcul du champ magnétique

Fil rectiligne “infini”

• En plus du problème de “l’infini”, un fil rectiligne infini n’est pas un circuit (fermé) ; a priori, on ne peut donc pas lui appliquer la loi de Biot et Savart.


En réalité, le modèle du fil rectiligne infini représente une portion rectiligne d’un circuit dont on limite l’étude à de faibles distances, de telle sorte que le “reste” (non rectiligne) du circuit ait un effet négligeable.

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• Pour un tel modèle les invariances, par rotation autour de l’axe et par translation selon l’axe, conduisent à utiliser des coordonnées cylindriques.

L’expression algébrique des coordonnées du champ en un point MM ne peut alors dépendre que de la distance RR entre le fil et le point MM .

En outre, puisque chaque contribution :
dB=μ04πId𝓁×urr2=μ04πId𝓁r2cos(α)uθ\displaystyle d\overset{→}{B}=\frac{μ_0}{4π} \: \frac{I \:\overset{→}{d𝓁} × \overset{→}{u}_r}{r^2} =\frac{μ_0}{4π} \: \frac{I \:d𝓁}{r^2} \: \cos(α) \: \overset{→}{u}_θ
est perpendiculaire au plan défini par le fil et MM ,  il en est de même pour B\overset{→}{B} total.

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On peut ainsi écrire en coordonnées cylindriques :  B=Bθ(R)uθ\overset{→}{B}=B_θ (R) \: \overset{→}{u}_θ .

Les lignes de champ sont donc des cercles perpendiculaires au fil et centrés sur lui ; elles sont orientées dans le sens de rotation positif par rapport au sens du courant.

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◊ remarque : le fil et MM sont invariants par symétrie selon le plan qu'ils définissent, donc B\overset{→}{B} l’est aussi ; ainsi  BBRuR+Bθuθ+Bzuz\overset{→}{B}≘B_R \: \overset{→}{u}_R+B_θ \: \overset{→}{u}_θ+B_z \: \overset{→}{u}_z  (pseudovecteur représenté par un vecteur) est identique à l’opposé du vecteur symétrique :  B=𝒮(B)𝒮(BRuR+Bθuθ+Bzuz)=BRuR+BθuθBzuz\overset{→}{B}=𝒮\left(\overset{→}{B} \,\right)≘-𝒮(B_R \: \overset{→}{u}_R+B_θ \: \overset{→}{u}_θ+B_z \: \overset{→}{u}_z )=-B_R \: \overset{→}{u}_R+B_θ \: \overset{→}{u}_θ-B_z \: \overset{→}{u}_z  ;  ainsi BRB_R et BzB_z doivent être nulles.

• On peut intégrer :  dBθ=dBuθ=μ0I4πd𝓁cos(α)r2\displaystyle dB_θ=d\overset{→}{B}⋅\overset{→}{u}_θ=\frac{μ_0 \: I}{4π} \: \frac{d𝓁 \:\cos(α)}{r^2}  avec :
r=R2+z2r=\sqrt{R^2+z^2}  ;  cos(α)=Rr\displaystyle \cos(α)=\frac{R}{r}  ;  z=Rtan(α)z=R \; \tan(α)  ;  d𝓁=dzd𝓁=dz .

On obtient :  Bθ=μ0I4πR(R2+z2)3/2dz=μ0I4ππ/2π/2cos(α)Rdα=μ0I2πR\displaystyle B_θ=\frac{μ_0 \: I}{4π}\: ∫_{-∞}^∞ \,\frac{R\quad}{\left(R^2+z^2 \right)^{3/2}} \: dz=\frac{μ_0 \: I}{4π} \: ∫_{-π/2}^{π/2} \frac{\cos(α)}{R} \: dα=\frac{μ_0 \: I}{2π \:R} .

Spire circulaire (champ sur l’axe)

• On cherche le champ B\overset{→}{B} d’une spire circulaire de rayon RR et d’axe OxOx , en se limitant aux points de l’axe.

Sur l’axe, le champ est selon OxOx (dans le sens axial positif par rapport au sens de rotation du courant) :  B=Bxux\overset{→}{B}=B_x \: \overset{→}{u}_x .

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En effet, les contributions
dB=μ04πId𝓁×urr2\displaystyle d\overset{→}{B}=\frac{μ_0}{4π} \: \frac{I \:\overset{→}{d𝓁} × \overset{→}{u}_r}{r^2} 
de deux éléments d𝓁\overset{→}{d𝓁} et d𝓁\overset{→}{d𝓁}' symétriques ont des projections qui se compensent dans les directions perpendiculaires à OxOx .

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• En intégrant :   dBx=μ0Id𝓁4πr2cos(α)\displaystyle dB_x=\frac{μ_0 \: I \:d𝓁}{4π \:r^2} \: \cos(α)    avec   r=R2+x2r=\sqrt{R^2+x^2}  ;  cos(α)=Rr\displaystyle \cos(α)=\frac{R}{r}   et   d𝓁=Rdθd𝓁=R \:dθ  ;   on obtient :  Bx=μ0IR22(R2+x2)3/2\displaystyle B_x=\frac{μ_0 \: I \:R^2}{2 \,\left(R^2+x^2 \right)^{3/2}} .

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◊ remarque : pour une bobine plate constituée de NN spires, il suffit de multiplier par NN ; on retrouve en particulier au centre de la spire :  Bx=μ0NI2R\displaystyle B_x=\frac{μ_0 \: N \:I}{2 \,R} .

◊ remarque : les champs magnétiques des aimants sont dus à des courants analogues au niveau microscopique.

Bobines de Helmholtz

• Pour un ensemble de deux spires circulaires de rayon RR et d’axe OxOx , placées en x0x_0 et x0-x_0 et parcourues par le même courant II (de même sens) ; on cherche la valeur de x0x_0 telle que le champ magnétique au voisinage du centre du dispositif soit le plus uniforme possible (en se limitant aux points de l’axe).

Puisque le champ est selon l’axe :  Bx=B1x+B2xB_x=B_{1x}+B_{2x} .  Par symétrie, le champ est forcément extremum au centre, avec :  dBxdx=0\displaystyle \frac{dB_x}{dx}=0  ;  d3Bxdx3=0\displaystyle \frac{d^3 B_x}{{dx}^3} =0 .  On  peut donc écrire :  Bx(x)Bx(0)+d2Bxdx2x22!+d4Bxdx4x44!+\displaystyle B_x (x)≈B_x (0)+\frac{d^2 B_x}{{dx}^2} \: \frac{x^2}{2!}+\frac{d^4 B_x}{{dx}^4} \: \frac{x^4}{4!}+⋯ .

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Pour que le champ soit le plus uniforme possible il faut en plus :  d2Bxdx2=0\displaystyle \frac{d^2 B_x}{{dx}^2} =0 ,  ce qui correspond à  x0=R2\displaystyle x_0=\frac{R}{2}  (distance RR entre les deux bobines).

Dans ce cas, le champ est d'ailleurs aussi quasi-uniforme radialement. Le dispositif ainsi ajusté (bobines de Helmholtz) est très pratique pour obtenir simplement une zone de champ magnétique quasi-uniforme et facile d'accès.

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Solénoïde

• Pour calculer le champ sur l’axe d’un solénoïde de NN spires et de longueur LL , on considère une “bobine plate infinitésimale” d’épaisseur  dx0dx_0  et comportant  NLdx0\displaystyle \frac{N}{L} \: dx_0  spires, puis on intègre pour x0x_0 variant de  L2\displaystyle -\frac{L}{2}  à  L2\displaystyle \frac{L}{2} .

On obtient ainsi :  Bx(x)=μ0NI2L[x+L2R2+(x+L2)2xL2R2+(xL2)2]\displaystyle B_x (x)=\frac{μ_0 \: N \:I}{2 \,L} \; \left[\frac{x+\frac{L}{2}}{\sqrt{R^2+\left(x+\frac{L}{2}\right)^2}}-\frac{x-\frac{L}{2}}{\sqrt{R^2+\left(x-\frac{L}{2}\right)^2}}\right] .

En pratique, le solénoïde crée :

à l'extérieur un champ semblable à celui d'un barreau aimanté ;

à l'intérieur un champ quasi-uniforme, de norme  Bμ0nIB≈μ_0 \: n \:I  (indépendante du rayon) avec  n=NL\displaystyle n=\frac{N}{L} .


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◊ remarque : une bobine parcourue par un courant se comporte comme un aimant dont les pôles nord et sud sont liés au sens de rotation du courant dans les spires ; en particulier l'orientation du champ ne dépend pas du côté par où arrive le courant, mais uniquement du sens de rotation.
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◊ remarque : la terre a un pôle magnétique sud au voisinage du pôle géographique nord et réciproquement (mais l’étude de la croûte terrestre montre que les pôles s’inversent tous les quelques millions d’années).

◊ remarque : le champ magnétique terrestre comporte une composante verticale

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📖 exercices n° I, II et III.

Dipôle magnétique

• On appelle “dipôle magnétique” un circuit électrique de type spire (mais non forcément circulaire) de dimension très petite en comparaison de la distance d’observation.

On appelle “moment dipolaire” le “vecteur”  𝓂=IS\overset{→}{𝓂}=I \:\overset{→}{S}  (l’unité de base est A.m2\mathrm{A.m^2} ) où II est le courant dans le circuit et S\overset{→}{S} son (pseudo) “vecteur” surface (orienté selon le courant).

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• Le champ magnétique d’une spire circulaire peut s’écrire sous une forme analogue à celle du dipôle électrostatique ; en coordonnées sphériques, d’axe OzOz orienté selon S\overset{→}{S} :  B=Br(r,θ)ur+Bθ(r,θ)uθ\overset{→}{B}=B_r (r,θ) \: \overset{→}{u}_r+B_θ (r,θ) \: \overset{→}{u}_θ  (d’après les symétries).

À grande distance :  Br2μ0𝓂cos(θ)4πr3\displaystyle B_r≈\frac{2 \,μ_0 \: 𝓂 \:\cos(θ)}{4π \:r^3}   et   Bθμ0𝓂sin(θ)4πr3\displaystyle B_θ≈\frac{μ_0 \: 𝓂 \:\sin(θ)}{4π \:r^3}  ;  correspondant à :  B=μ04πr3[3(𝓂ur)ur𝓂]\displaystyle \overset{→}{B}=\frac{μ_0}{4π \:r^3} \: \left[3 \,(\overset{→}{𝓂}⋅\overset{→}{u}_r ) \: \overset{→}{u}_r-\overset{→}{𝓂} \,\right]   avec les lignes de champ suivantes.

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◊ remarque : ces calculs ne sont toutefois valables que si la taille de la spire est très petite en comparaison de la distance “d’observation”  r=OMr=OM  ;  ils représentent en effet mal le champ à proximité du dipôle (ceci découle des différences fondamentales entre les propriétés de E\overset{→}{E} et B\overset{→}{B} ).

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dipôle électrostatique dipôle magnétique

• De façon analogue au cas électrostatique, la principale action d’un champ B\overset{→}{B} “extérieur” sur un dipôle est la tendance à l’orientation :

la force totale est nulle si B\overset{→}{B} est uniforme  ;


il apparaît un moment de force, qui tend à aligner 𝓂\overset{→}{𝓂} selon le champ extérieur B\overset{→}{B} :  O=𝓂×B\overset{→}{ℳ}_O=\overset{→}{𝓂} × \overset{→}{B} .


◊ remarque : l’énergie potentielle du dipôle dans le champ extérieur peut s’écrire :  p=𝓂Bℰ_p=-\overset{→}{𝓂}⋅\overset{→}{B}  ;  on vérifie ainsi que l’action du moment des forces tend à minimiser pℰ_p .

📖 exercice n° IV.