INCERTITUDES DE MESURE - corrigé des exercices


A. EXERCICES DE BASE

I. “Propagation” des incertitudes       


• L'influence de DD est :  nD=cos(D+A2)2sin(A2)0,64\frac{∂n}{∂D}=\frac{\cos⁡\left(\frac{D+A}{2}\right)}{2 \:\sin⁡\left(\frac{A}{2}\right)}≈0,64 .
• L'influence de A est :  nA=cos(D+A2)2sin(A2)-sin(D+A2)cos(A2)2sin2(A2)-0,68\frac{∂n}{∂A}=\frac{\cos⁡\left(\frac{D+A}{2}\right)}{2 \:\sin⁡\left(\frac{A}{2}\right)} -\frac{\sin⁡\left(\frac{D+A}{2}\right) \:\cos⁡\left(\frac{A}{2}\right)}{2 \:\sin^2\left(\frac{A}{2}\right)}≈-0,68 .
• Au total, avec la relation “pessimiste” :  n=|nD|D+|nA|A3,8.10-4∆n=\left|\frac{∂n}{∂D}\right| ∆D+\left|\frac{∂n}{∂A}\right| ∆A≈3,8.{10}^{-4} .
• Les mesures des angles AA et DD peuvent être corrélées, par exemple si elles sont obtenues avec un même goniomètre comportant une part d'incertitude systématique. On peut malgré cela souhaiter estimer l'incertitude statistique en ignorant les corrélations :  n=(nDD)2+(nAA)22,7.10-4∆n=\sqrt{\left(\frac{∂n}{∂D} ∆D\right)^2+\left(\frac{∂n}{∂A} ∆A\right)^2}≈2,7.{10}^{-4} .
◊ remarque : dans de nombreuses circonstances, la différence entre ces deux modes d'évaluation n'a que peu de conséquences sur l'interprétation des phénomènes physiques.
• On en déduit l'indice et sa précision “probable” :  n=sin(D+A2)sin(A2)1,5321±0,0003n=\frac{\sin⁡\left(\frac{D+A}{2}\right)}{\sin⁡\left(\frac{A}{2}\right)} ≈1,5321±0,0003 .
◊ remarque :  nn  et n∆n  sont sans unité... il ne suffit pas d’utiliser DD et D∆DAA et A∆A avec la même unité : l’utilisation des fonctions trigonométriques impose en principe l’usage des radians (équivalents à une grandeur sans unité)... ou bien il faut appliquer un coefficient correcteur dans le calcul des dérivées.


II. “Propagation” des incertitudes

1. • En coupant la surface latérale d'un cône le long d'une droite passant par le sommet, on peut la déplier “à plat” et obtenir ainsi une portion de disque.

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• Soit  a=r2+h2a=\sqrt{r^2+h^2}  la longueur du côté du cône, le périmètre de la base est  2πr2π \:r  et l'aire de la surface latérale est une proportion  2πr2πa\frac{2π \:r}{2π \:a}  de l'aire  πa2π \:a^2  du disque de rayon  aa.
• L’aire latérale d’un cône droit est donc :  A=πar=πrr2+h2A=π \:a \:r=π \:r \:\sqrt{r^2+h^2} .
◊ remarque : l’aire élémentaire délimitée par le sommet et par un élément  d𝓁=rdθd𝓁=r \:dθ  du bord de la base est :  dS=12ad𝓁dS=\frac{1}{2} a \:d𝓁  ;  ainsi  A=ar2dθ=πar=πrr2+h2A=∫\frac{a \:r}{2} dθ=π \:a \:r=π \:r \:\sqrt{r^2+h^2} .


2. • On a mesuré :   r=30,0±0,2mmr=30,0±0,2 \:\mathrm{mm}   et  h=50,0±0,2mmh=50,0±0,2 \:\mathrm{mm}.
• Les influences de rr et hh sont :  Ar=π.(2r2+h2)r2+h2232mm\frac{∂A}{∂r}=\frac{π.\left(2 \:r^2+h^2\right)}{\sqrt{r^2+h^2}}≈232 \:\mathrm{mm}   ;   Ah=πrhr2+h281mm\frac{∂A}{∂h}=\frac{π \:r \:h}{\sqrt{r^2+h^2}}≈81 \:\mathrm{mm}.
• Au total, avec la relation “pessimiste” :  A=|Ar|r+|Ah|h62mm2∆A=\left|\frac{∂A}{∂r}\right| ∆r+\left|\frac{∂A}{∂h}\right| \:∆h≈62 \mathrm{mm}^2 .
• Les mesures des longueurs rr et hh peuvent être corrélées, par exemple si elles sont obtenues avec une même règle comportant une part d'incertitude systématique. On peut malgré cela souhaiter estimer l'incertitude statistique en ignorant les corrélations :  A=(Arr)2+(Ahh)249mm2∆A=\sqrt{\left(\frac{∂A}{∂r} ∆r\right)^2+\left(\frac{∂A}{∂h} ∆h\right)^2}≈49 \:\mathrm{mm}^2 .
◊ remarque : dans de nombreuses circonstances, la différence entre ces deux modes d'évaluation n'a que peu de conséquences sur l'interprétation des phénomènes physiques.
• Finalement on peut proposer :  A=πrr2+h2=5496±50mm2A=π \:r \:\sqrt{r^2+h^2}=5496±50 \:\mathrm{mm}^2 .


III. “Propagation” des incertitudes


• Les influences de xx et yy sont :  fx=2y(x+y)22,2.10-3\frac{∂f}{∂x}=\frac{2 \:y}{\left(x+y\right)^2} ≈2,2.{10}^{-3}   ;   fy=-2x(x+y)2-4,4.10-3\frac{∂f}{∂y}=-\frac{2 \:x}{\left(x+y\right)^2} ≈-4,4.{10}^{-3} .
• Au total, avec la relation “pessimiste” :  f=|fx|x+|fy|y11.10-3∆f=\left|\frac{∂f}{∂x}\right| ∆x+\left|\frac{∂f}{∂y}\right| ∆y≈11.{10}^{-3} .
• Les mesures des quantités xx et yy peuvent être corrélées, par exemple si elles sont obtenues avec un même instrument comportant une part d'incertitude systématique. On peut malgré cela souhaiter estimer l'incertitude statistique en ignorant les corrélations :  f=(fxx)2+(fyy)28.10-3∆f=\sqrt{\left(\frac{∂f}{∂x} ∆x\right)^2+\left(\frac{∂f}{∂y} ∆y\right)^2}≈8.{10}^{-3} .
◊ remarque : dans de nombreuses circonstances, la différence entre ces deux modes d'évaluation n'a que peu de conséquences sur l'interprétation des phénomènes physiques.
• On en déduit le résultat et sa précision “probable” :  f=x-yx+y=0,333±0,008f=\frac{x-y}{x+y}=0,333±0,008 .


B. EXERCICES D'APPROFONDISSEMENT

IV. “Corrélation” des incertitudes

1. • Le courant de court-circuit est :  Ic=ER=68,6mA I_c=\frac{E}{R}=68,6 \:\mathrm{mA}  .
• L'estimation rudimentaire de l'incertitude est :  Ic1RE+ER2R=3,2mA∆I_c≈\frac{1}{R} ∆E+\frac{E}{R^2} ∆R=3,2 \:\mathrm{mA}.
• Si on suppose que les incertitudes sont de nature uniquement aléatoire, on peut proposer aussi l'estimation :  Ic(1RE)2+(ER2R)2=2,3mA∆I_c≈\sqrt{\left(\frac{1}{R} ∆E\right)^2+\left(\frac{E}{R^2} ∆R\right)^2}=2,3 \:\mathrm{mA} .


2.a.
• Si on impose une valeur de EE plus grande, la droite la mieux ajustée bascule pour passer au mieux par le barycentre (pondéré) des points mesurés ; cela correspond à une augmentation de RR (valeur absolue de la pente).

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2.b.
• Dans un plan de coordonnées RR et EE, les courbes d'égales valeur de IcI_c sont des droites passant par l'origine et de pente IcI_c :  E=IcRE=I_c \:R .


2.c. • Pour le mode de calcul (sans corrélation)  Ic1RE+ER2R∆I_c≈\frac{1}{R} ∆E+\frac{E}{R^2} ∆R ,  la zone d'incertitude correspond au rectangle de largeur R∆R et de hauteur E∆E. L'intervalle de valeurs  ±Ic±3,2mA± ∆I_c≈± 3,2 \:\mathrm{mA}  peut être retrouvé en traçant les droites limites.

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• Pour le mode de calcul (sans corrélation)  Ic(1RE)2+(ER2R)2∆I_c≈\sqrt{\left(\frac{1}{R} ∆E\right)^2+\left(\frac{E}{R^2} ∆R\right)^2} ,  la zone d'incertitude correspond l'ellipse “droite” de largeur R∆R et de hauteur E∆E. On peut la tracer sous forme paramétrique en considérant  R=R0+Rcos(θ)R=R_0+∆R \:\cos⁡\left(θ\right)  et  E=E0+Esin(θ)E=E_0+∆E \:\sin⁡\left( θ \right) .  L'intervalle de valeurs  ±Ic±2,3mA± ∆I_c≈± 2,3 \:\mathrm{mA}  peut être retrouvé en traçant les droites limites.

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2.d.
• Pour le mode de calcul avec corrélation  Ic(1RE)2+(ER2R)2-2ER3c(E,R)=1,2mA∆I_c≈\sqrt{\left(\frac{1}{R} ∆E\right)^2+\left(\frac{E}{R^2} ∆R\right)^2-2 \frac{E}{R^3} \:c\left(E,R\right)}=1,2 \:\mathrm{mA} .


2.e. • La zone d'incertitude correspond l'ellipse “oblique” ; on peut la tracer sous forme paramétrique à l'aide d'un changement de notations.
• Dans le cas précédent, on pouvait écrire l'équation de l'ellipse sous la forme  x2+y2=1x^2+y^2=1  en considérant  x=R-R0R=cos(θ)x=\frac{R-R_0}{∆R}=\cos⁡\left(θ\right)  et  y=E-E0E=sin(θ)y=\frac{E-E_0}{∆E}=\sin⁡\left(θ\right) .

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• Dans le cas étudié ici, l'équation est de la forme  x2+y2+2αxy=1-α2x^2+y^2+2 \:α \:x \:y=1-α^2  avec  α=-c(E,R)ERα=-\frac{c\left(E, R\right)}{∆E \:∆R} .  On peut alors utiliser  x=x+y21+α=cos(θ)x'=\frac{x+y}{\sqrt{2} \:\sqrt{1+α}}=\cos⁡\left(θ\right)  et  y=x-y21-α=sin(θ)y'=\frac{x-y}{\sqrt{2} \:\sqrt{1-α}}=\sin⁡\left(θ\right)   donnant  x2+y2=1{x'}^2+{y'}^2=1.
◊ remarque : le choix du changement de variables le plus efficace peut se déduire de la diagonalisation de la matrice  (1αα1)\begin{pmatrix} 1 & α \\ α & 1 \end{pmatrix}.
• En posant par ailleurs :  cos(φ)=1+α2\cos⁡\left(φ\right)=\sqrt{\frac{1+α}{2}}  et  sin(φ)=1-α2\sin⁡\left(φ\right)=\sqrt{\frac{1-α}{2}} ,  ceci donne :  R=R0+Rsin(θ+φ)R=R_0+∆R \:\sin⁡\left(θ+φ\right)  et  E=E0+Ecos(θ+φ)E=E_0+∆E \:\cos⁡\left(θ+φ\right).  L'intervalle de valeurs  ±Ic±1,2mA± ∆I_c≈± 1,2 \:\mathrm{mA}  peut être retrouvé en traçant les droites limites.
◊ remarque : on retrouve une projection horizontale de l'ellipse correspondant à  ±R± ∆R  et une projection verticale correspondant à  ±E± ∆E.


3.
• L'ajustement du logiciel spécialisé est cohérent : il aboutit au même résultat quelle que soit la paramétrisation choisie.


V. “Corrélation” des incertitudes

1. • La résistance est :  R=EIc=15,31ΩR=\frac{E}{I_c} =15,31 \:\mathrm{Ω}.
• L'estimation rudimentaire de l'incertitude est :  R1IcE+EIc2Ic=1,07Ω∆R≈\frac{1}{I_c} ∆E+\frac{E}{{I_c}^2} ∆I_c=1,07 \:\mathrm{Ω} . • Si on suppose que les incertitudes sont de nature uniquement aléatoire, on peut proposer aussi l'estimation :  R(1IcE)2+(EIc2Ic)2=0,76Ω∆R≈\sqrt{\left(\frac{1}{I_c} ∆E\right)^2+\left(\frac{E}{{I_c}^2} ∆I_c\right)^2}=0,76 \:\mathrm{Ω} .


2.a.
• Si on impose une valeur de EE plus grande, la droite la mieux ajustée bascule pour passer au mieux par le barycentre (pondéré) des points mesurés ; cela correspond à une diminution de IcI_c (intersection avec l'axe des abscisse).

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2.b. • Dans un plan de coordonnées IcI_c et EE, les courbes d'égales valeur de RR sont des droites passant par l'origine et de pente RR :  E=IcRE=I_c \:R .


2.c.
• Pour le mode de calcul (sans corrélation)  R1IcE+EIc2Ic∆R≈\frac{1}{I_c} ∆E+\frac{E}{{I_c}^2} ∆I_c ,  la zone d'incertitude correspond au rectangle de largeur Ic∆I_c et de hauteur E∆E. L'intervalle de valeurs  ±R±1,07Ω± ∆R≈± 1,07 \:\mathrm{Ω}  peut être retrouvé en traçant les droites limites.

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• Pour le mode de calcul (sans corrélation)  R(1IcE)2+(EIc2Ic)2∆R≈\sqrt{\left(\frac{1}{I_c} ∆E\right)^2+\left(\frac{E}{{I_c}^2} ∆I_c \right)^2} ,  la zone d'incertitude correspond l'ellipse “droite” de largeur Ic∆I_c et de hauteur E∆E. On peut la tracer sous forme paramétrique en considérant  Ic=Ic0+Iccos(θ)I_c= I_{c0}+∆I_c \:\cos⁡\left(θ\right)  et  E=E0+Esin(θ)E=E_0+∆E \:\sin⁡\left(θ\right) .  L'intervalle de valeurs  ±R±0,76Ω±∆R≈±0,76 \:\mathrm{Ω}  peut être retrouvé en traçant les droites limites.

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2.d. • Pour le mode de calcul avec corrélation  R(1IcE)2+(EIc2Ic)2-2EIc3c(E,Ic)=0,93Ω∆R≈\sqrt{\left(\frac{1}{I_c} ∆E\right)^2+\left(\frac{E}{{I_c}^2} ∆I_c\right)^2-2 \frac{E}{{I_c}^3} \:c\left(E,I_c\right)}=0,93 \:\mathrm{Ω} .


2.e.
• La zone d'incertitude correspond l'ellipse “oblique” ; on peut la tracer sous forme paramétrique à l'aide d'un changement de notations.
• Dans le cas précédent, on pouvait écrire l'équation de l'ellipse sous la forme  x2+y2=1x^2+y^2=1  en considérant  x=Ic-Ic0Ic=cos(θ)x=\frac{I_c-I_{c0}}{∆I_c}=\cos⁡\left(θ\right)  et  y=E-E0E=sin(θ)y=\frac{E-E_0}{∆E}=\sin⁡\left(θ\right) .

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• Dans le cas étudié ici, l'équation est de la forme  x2+y2+2αxy=1-α2x^2+y^2+2 \:α \:x \:y=1-α^2  avec  α=-c(E,Ic)EIcα=-\frac{c\left(E, I_c\right)}{∆E \:∆I_c} .  On peut alors utiliser  x=x+y21+α=cos(θ)x'=\frac{x+y}{\sqrt{2} \:\sqrt{1+α}}=\cos⁡\left(θ\right)  et  y=x-y21-α=sin(θ)y'=\frac{x-y}{\sqrt{2} \:\sqrt{1-α}}=\sin⁡\left(θ\right)   donnant  x2+y2=1 {x'}^2+{y'}^2=1 .
◊ remarque : le choix du changement de variables le plus efficace peut se déduire de la diagonalisation de la matrice  (1αα1)\begin{pmatrix}1&α\\α&1\end{pmatrix}.
• En posant par ailleurs :  cos(φ)=1+α2\cos⁡\left(φ\right)=\sqrt{\frac{1+α}{2}}  et  sin(φ)=1-α2\sin⁡\left(φ\right)=\sqrt{\frac{1-α}{2}} ,  ceci donne :  Ic=Ic0+Icsin(θ+φ) I_c=I_{c0}+∆I_c \:\sin⁡\left(θ+φ\right)  et  E=E0+Ecos(θ+φ)E=E_0+∆E \:\cos⁡\left(θ+φ\right).  L'intervalle de valeurs  ±R±0,93Ω± ∆R≈± 0,93 \:\mathrm{Ω}  peut être retrouvé en traçant les droites limites.
◊ remarque : on retrouve une projection horizontale de l'ellipse correspondant à  ±Ic± ∆I_c  et une projection verticale correspondant à  ±E± ∆E.


3. • De façon générale, le résultat de l'expression quadratique est inférieur à celui de l'expression linéaire. Il est ainsi souvent considéré que la seconde est trop approximative et conduit à une surestimation systématique.
• En fait, lorsque la corrélation est positive, l'incertitude est encore plus petite que le résultat de l'expression quadratique ; ceci peut donner l'impression de confirmer le jugement précédent.
• Toutefois, au contraire, lorsque la corrélation est négative (cas étudié ici), l'incertitude est souvent plus proche du résultat de l'expression linéaire que de celui de l'expression quadratique.
• Si on ignore la corrélation et qu'on veut éviter de sous-estimer les incertitudes, il est alors parfois prudent d'utiliser l'expression linéaire.