RG IV - ÉQUATIONS DU CHAMP DE GRAVITATION
Courbure (et torsion intrinsèque)
• Les quantités
ont été construites pour remédier au fait que, dans un changement de
coordonnées, les quantités
ne se comportent pas comme les composantes d'un vecteur.
En étudiant de façon analogue les quantités
, on constate qu'en outre, contrairement aux dérivées “simples”, les
dérivées covariantes ne commutent généralement pas :
.
• De façon générale (compte tenu de
) :
.
La “torsion intrinsèque” est décrite par l'expression
(antisymétrique) ; elle est nulle dans un espace de Riemann.
La courbure est décrite par le tenseur de Riemann :
;
;
;
.
Transport parallèle le long d'un contour fermé
• Cette notion de courbure est associée à la variation d'un vecteur
lors d'un transport parallèle selon un contour fermé.
Par exemple en coordonnées sphériques :
-
le transport de
jusqu'à l'équateur donne
;
-
puis le transport jusqu'à une autre longitude donne
;
-
enfin le retour jusqu'au pôle donne
.
• De façon plus générale (d'après Stokes-Ostrogradski) :
;
;
.
📖 exercices n° I et II.
Propriétés du tenseur de courbure
• La relation de définition montre simplement l'antisymétrie sur les
deux dernier indices :
.
On vérifie aussi la symétrie par permutation circulaire sur les
trois derniers indices :
.
• Plus de propriétés peuvent êtres mises en évidence sous forme
totalement covariante, où on peut ré-exprimer les dérivées des
à l'aide de la métrique :
.
Sous cette forme, on constate les symétries et antisymétries (dont
certaines sont équivalentes à celles vues précédemment) :
;
;
(donc aussi :
).
• On peut par ailleurs considérer les combinaisons de dérivées :
;
;
.
Puisque
est quelconque ; les dérivées du tenseur de Riemann sont liées par
l'identité de Bianchi :
.
◊ remarque : compte tenu de
, il en est de même sous forme totalement covariante :
.
📖 exercice n° III.
Tenseur de Ricci et courbure scalaire
• D'après les symétries et antisymétries sur les indices, il n'y a
(au signe près) qu'une seule façon de contracter le tenseur de
courbure pour obtenir un tenseur du second ordre :
;
.
Le tenseur de Ricci ainsi défini est symétrique :
.
◊ remarque : la symétrie, peu visible à cause du terme
, devient évidente sous d'autres formes d'expression :
;
.
• On peut aussi définir une courbure scalaire :
.
• Il découle alors de l'identité de Bianchi :
;
;
.
📖 exercices n° IV et V.
Tenseur énergie-impulsion
• En électromagnétisme, les potentiels (et champs) sont déterminés
par les répartitions de charge et de courant.
Pour la gravitation, il semble donc logique de chercher des
équations reliant la métrique (et la connexion) aux
répartitions de masse et au tenseur énergie-impulsion. On commence
donc par préciser ce dernier.
• Le tenseur énergie-impulsion pour des particules matérielles peut
s'écrire :
,
où
est la masse volumique dans le référentiel propre (associée à une
distribution
pour chaque particule).
• Pour un fluide :
,
où
et
désignent la pression et la densité volumique d'énergie du fluide
mesurées dans son référentiel propre.
☞ remarque : ici l'énergie volumique
tient compte de l'énergie d'agitation thermique du fluide (molécules non
immobiles dans son référentiel propre).
• L'expression pour le champ électromagnétique se généralise
simplement depuis la relativité restreinte :
.
◊ remarque : selon le contexte, il faut ne pas confondre la masse
volumique au repos
et la perméabilité magnétique
(ni l'énergie volumique
et la permittivité diélectrique
).
📖 exercice n° VI.
Équations du champ de gravitation
• L'équation gravitationnelle non relativiste peut être écrite avec
le potentiel
:
, où
est la masse volumique (dans laquelle la contribution relativiste de l'agitation
thermique est négligeable).
L'étude des trajectoires géodésiques montre par ailleurs que le cas
relativiste pour les champs statiques faibles doit correspondre à :
.
Dans la mesure où ce cas correspond aussi à :
, on doit chercher une équation relativiste dont la limite soit :
, avec la constante
.
• Puisque ceci suggère une équation de la forme
, on cherche à construire, à partir des dérivées premières et
secondes des “potentiels”
, un tenseur
symétrique et “conservé” comme
(tel que
) et dont la limite redonne :
.
Ceci peut correspondre à une combinaison :
; on peut en fait montrer qu'il n'y en a pas d'autres.
• Puisque l'identité de Bianchi implique :
, l'existence d'une valeur autre que
imposerait
.
L'équation cherchée imposant par ailleurs :
(en posant
), ceci conduirait à
, ce qui n'est vérifié que dans des cas particuliers.
• La condition limite
impose enfin
, donc l'équation cherchée est :
(équation d'Einstein).
◊ remarque : quand cela simplifie certains calculs, on peut aussi
l'écrire sous la forme :
.
• D'un autre point de vue, dans la mesure où on interprète les
comme l'équivalent d'un “champ gravitationnel” (dérivé du “potentiel”
), on peut se baser sur la forme du tenseur
électromagnétique pour écrire :
;
;
.
On retrouve ainsi une équation analogue à celle de l'électromagnétisme :
les dérivées du champ se calculent d'après les termes de source,
incluant un terme gravitationnel quadratique par rapport au champ.
Le tenseur
indique alors qualitativement la contribution de l'énergie du champ
gravitationnel à sa propre création (contrairement à ce que peut
suggérer la précédente remarque, un choix différent des coefficients
pour les termes de trace des tenseurs ne modifie pas
).
📖 exercices n° VII, VIII, IX et X.
Énergie-impulsion du champ de gravitation
• En l'absence de champ de gravitation, la conservation de
l'énergie-impulsion “totale” (particules plus champ
électromagnétique) s'écrit :
.
Avec un champ gravitationnel, cette relation reste valable dans un
repère inertiel, donc pour un repérage quelconque elle se généralise par
.
Par contre, cela ne correspond plus a priori à une loi de
conservation.
• En réécrivant sous la forme :
, on obtient :
.
Existe-t-il
tel que :
, décrivant ainsi l'énergie-impulsion du champ gravitationnel ?
Une telle quantité, a priori non nécessairement tensorielle
(pseudo-tenseur ? ), correspondrait à la loi de conservation :
.
D'un certain point de vue, quand on cherche à exprimer
l'énergie-impulsion du champ de gravitation, cela consiste à décrire
la quantité de mouvement de l'espace-temps (décrit par la métrique),
par rapport à... l'espace-temps (ce qui est a priori incohérent).
Cela peut toutefois avoir un intérêt pour des perturbations locales
comme les ondes gravitationnelles : afin de décrire
l'énergie-impulsion transportée par ces ondes dans un espace
environnant plat.
Étude variationnelle
Action pour le champ de gravitation
• Pour déduire les équations du champ gravitationnel par une méthode
variationnelle, il faut commencer par déterminer l'action
correspondante, de la forme :
avec une densité lagrangienne
scalaire, intégrée sur
.
La seule quantité scalaire qu'on puisse former avec les quantités
concernées est
, mais cette expression contient aussi des termes du second ordre
. On peut alors chercher s'il existe une grandeur
seulement “pseudo” scalaire, mais donnant par variation une
expression correctement tensorielle ; or les termes du second ordre
ne sont pas rédhibitoires si leur contribution par variation peut se
ramener celle de termes du premier ordre.
• On peut alors considérer :
.
Les termes du second ordre peuvent s'écrire :
;
.
Les termes
et
sont des divergences dont l'intégration peut s'écrire comme le flux
d'un vecteur à travers une hypersurface à l'infini, où les
variations de la métrique sont nulles ; leurs contributions à la
méthode variationnelle sont donc nulles.
Ainsi on peut définir
de la forme souhaitée (avec une constante multiplicative pour faire
correspondre les unités) :
;
;
.
📖 exercices n° XI et XII.
Terme gravitationnel de l'équation d'Einstein
• Compte tenu de ce qui précède, on peut raisonner avec
:
;
.
• On peut considérer :
;
où les
sont les mineurs associés ;
est la matrice inverse de
;
puisque
;
.
• On peut en outre montrer que
donne une contribution nulle par intégration ; ainsi :
.
◊ remarque : les variations
considérées ici sont celles qui correspondent à une modification de
la géométrie spatio-temporelle, non celles associées à un changement
du repérage dans un espace-temps donné ; cela n'intervient toutefois pas dans le calcul.
◊ remarque : si on préfère “par principe” l'expression en fonction
des variations des variables
,
on écrit :
.
📖 exercices n° XIII et XIV.
Terme “matériel” de l'équation d'Einstein
• En utilisant la même méthode qu'en relativité restreinte, on peut
obtenir la forme symétrique du tenseur d'énergie impulsion en écrivant :
.
◊ remarque : ce terme décrit la partie matérielle, mais aussi le
champ électromagnétique.
Au total on obtient l'équation d'Einstein :
.
• Pour retrouver
avec
pour une particule matérielle, on est conduit à considérer :
(intégré sur la trajectoire) ; ceci est analogue au courant
en électromagnétisme.
L'éventuelle expression correspondante de
n'apparait pas de façon claire et semble être partout éludée (mais
l'écriture du lagrangien à l'aide d'une densité lagrangienne n'est
pas obligatoire). Si on pouvait considérer que, pour ce cas,
ne dépend pas des
alors
donnerait
, mais cela semble incompatible avec
dépendant des
.
📖 exercice n° XV.
Énergie-impulsion du champ de gravitation
• On peut appliquer, en fonction du “potentiel”
, une méthode analogue à celle utilisée pour le champ
électromagnétique en fonction du potentiel
.
• La densité lagrangienne est telle que :
.
D'après les équations d'Euler-Lagrange :
; ainsi :
;
;
.
• De façon analogue à la construction du hamiltonien associé à
l'énergie d'une particule (ainsi que pour l'énergie-impulsion du
champ électromagnétique à partir du “potentiel”
), on peut définir un “tenseur énergie-impulsion” associé au champ :
.
On en déduit une contribution à la quadri-impulsion :
.
◊ remarque : par contre (de même que pour le champ
électromagnétique), cette méthode donne une expression non
symétrique du tenseur énergie-impulsion ; ainsi, on ne peut donc pas
en déduire simplement une description du moment cinétique.
📖 exercice n° XVI.
Constante cosmologique
• On peut proposer d'ajouter à l'action du champ de gravitation un
terme de la forme :
avec une densité lagrangienne
scalaire.
Ceci correspond à :
.
• Si on ajoute un terme
au tenseur d'Einstein
,
compte tenu de
et
,
cela impose de même :
.
Puisque
, on aboutit à
, c'est à dire
.
Ce terme supplémentaire éventuel est appelé “constante cosmologique”
; son influence a été testée pour proposer des modèles décrivant l'univers.