RG I - GÉOMÉTRIE RIEMANNIENNE EN ESPACE PLAT
Introduction
• Dans la théorie newtonienne, le champ de gravitation est créé par
les masses ; or, la relativité met en évidence une équivalence
masse-énergie
, donc une théorie relativiste doit considérer que l'énergie
du champ de gravitation contribue à la propre création de ce
dernier... c'est à dire que la théorie est forcément non linéaire.
Comme cela est progressivement décrit dans la suite, la relativité
générale considère que le champ de gravitation est associé à une
“courbure” de l'espace-temps ; pour décrire précisément cela,
l'usage de notations riemanniennes des coordonnées est en pratique
indispensable. On commence ici par en aborder l'étude dans un espace
“plat” (sans courbure).
Métrique locale
☞ remarque : la méthode envisagée dans ce chapitre n'est pas la plus
générale ; elle est pour cette raison généralement “évitée” par les
ouvrages traitant de ce sujet ; elle est au contraire abordée ici
pour ses qualités en tant que “transition” dans la compréhension de
l'usage des coordonnées.
◊ remarque : on adopte la convention de sommation d’Einstein ; tout
indice répété en haut et en bas sous-entend une sommation
:
.
• Avec des coordonnées “quelconques”, par exemple polaires dans le
plan, on peut définir une base locale
; un déplacement de en tel
que
correspond à :
.
◊ remarque : on peut noter
et
pour exprimer les variations du “vecteur position”
, mais ces quantités ne dépendent pas de l'origine fixe du repère ;
or, c'est un des problèmes de la généralisation ultérieure (si on
considère la géométrie à la surface d'une sphère en prenant
l'origine au centre de
la sphère, ce point n'est pas dans l'espace considéré).
• Les
ne sont généralement pas unitaires ; ils correspondent aux
“déplacements” élémentaires
associés aux coordonnées. Ainsi, pour les coordonnées polaires dans
le plan :
correspond à
mais .
• On peut alors définir un “élément de longueur” à
l'aide de la relation :
correspondant à :
. Ainsi, pour les coordonnées polaires dans le plan
:
.
• En un point voisin
, le repère devient
; on exprime alors les
dans la base des
. Les coefficients étant linéaires en ,
on peut donc écrire : .
• D’après
, la relation précédente donne :
; les
sont les “composantes contravariantes” des dérivées secondes
dans la base locale des
.
Ainsi, pour les coordonnées polaires dans le plan :
donc
;
donc
et
;
donc
et
;
donc
et
.
◊ remarque : on constate la symétrie par rapport aux deux derniers
indices.
• Par ailleurs : d’où on
déduit : ;
c'est-à-dire que les
sont les
“composantes covariantes” des dérivées secondes
dans la base locale des
.
Ainsi, pour les coordonnées polaires dans le plan :
donc
;
donc
et ;
donc
et
;
donc
et
.
◊ remarque : d'après
les coordonnées
sont
dites contravariantes car elles varient inversement à la base locale
( est divisé
par deux si on double
) ; les coordonnées
sont au contraire covariantes.
📖 exercice n° I.
Dérivation covariante
• Lorsqu'on dérive un scalaire , on peut
définir la notion de “gradient” par une notation telle que
:
correspondant à :
. Le seul changement est que la base n'est généralement pas
orthonormée.
Ainsi, pour les coordonnées polaires dans le plan :
;
;
;
;
.
◊ remarque : est la
matrice inverse telle que
(matrice unité).
• La situation se complique si on considère un vecteur
exprimé dans la base locale et décrivant une propriété au
point ; lorsqu'on
étudie ses variations associées à des variations de
, il
faut tenir compte des variations de la base locale :
.
Ceci permet de définir une différentielle “absolue” telle
que
:
(soit
).
On définit de façon analogue la dérivée covariante telle
que
:
(soit
).
◊ remarque : en particulier lorsqu'on déplace un vecteur sans le
modifier (cette transformation est généralement nommée “transport
parallèle”, bien qu'une telle expression soit ambiguë pour la
norme), ses coordonnées varient car la base locale change, alors que
le vecteur est constant.
• Pour les coordonnées covariantes
on obtient :
.
Avec :
et on obtient
:
.
Il est donc possible de définir telle que :
;
avec
.
• De façon analogue pour un tenseur (et
plus généralement pour des combinaisons de coordonnées covariantes
et contravariantes) :
.
• Ces propriétés doivent être prises en compte dans les dérivations
pour définir les opérateurs divergence et laplacien :
;
.
Ainsi, pour les coordonnées polaires dans le plan :
(où
) ;
.
◊ remarque : il n'y a par contre pas de changement dans le
“rotationnel” (à part, comme pour le gradient, les précautions dues
au fait que la base n'est généralement pas orthonormée) ; en effet
:
.
📖 exercice n° II.
Relations avec la métrique
• Les relations précédentes donnent en particulier :
.
Cette propriété est associée à l'invariance de la norme d'un vecteur
transporté parallèlement, c'est-à-dire tel que :
.
• Cette propriété correspond en outre à :
. On obtient ainsi par permutations une autre expression de la
connexion affine, directement en fonction de la métrique :
;
;
;
; symboles de Christoffel.
◊ remarque : on peut généraliser à des espaces plus complexes où la
connexion affine est éventuellement différente de l'expression
précédente ; on utilise alors souvent une seconde notation de
type
pour distinguer la “connexion affine” des “symboles de Christoffel”
(ou inversement).
• On en déduit par ailleurs : . Mais la matrice
inverse peut s'écrire
en fonction du déterminant et des
mineurs
des .
Ainsi : et finalement
:
.
On en déduit ainsi d'autres expressions des divergence et laplacien
:
;
.
📖 exercices n° III et IV.
Produit vectoriel
• Dans le cas particulier d'un espace de dimension trois
(mais des généralisations sont possibles), tout tenseur
antisymétrique a trois coordonnées indépendantes :
;
;
.
Il est donc tentant de le représenter par un “pseudo-vecteur”
:
en utilisant les quantités
“totalement antisymétriques” (les seules composantes non nulles
sont selon
le signe de la permutation de
).
◊ remarque : le facteur
sert à compenser les doubles comptages, ou bien il faut limiter la
sommation sur “” aux paires
avec
.
• Une telle expression ne définit toutefois pas un vecteur ; en
particulier :
.
On peut alors chercher s'il existe une fonction telle
que
soit un tenseur dont l'écriture soit invariante, de même que celle
de la métrique ( ).
Cette condition correspond à :
;
;
;
;
;
.
• On peut alors en particulier définir une notion de produit
vectoriel par :
;
.
De même on peut représenter le rotationnel par :
.
📖 exercice n° V.