RG III - MOUVEMENTS DE PARTICULES
Distances et durées
◊ remarque : dans un but d'application à relativité générale, la
notation à quatre dimensions (incluant le temps) est associée à des
indices en caractères grecs
, réservant par opposition les indices
en caractères latins pour la partie spatiale
, lorsque celle-ci est étudiée à part.
• Si on utilise un repérage par des coordonnées quelconques,
certaines notions usuellement admises en physique peuvent devenir
inadaptées ; on commence par les préciser.
• Avec un système de coordonnées
, le temps propre ne correspond pas à la variable
mais à la quantité
telle que :
.
Pour un point fixe, tel que
, la durée locale correspond à :
,
c'est-à-dire à
.
• Pour exprimer l'intervalle d'espace
, on peut considérer un signal lumineux partant d'un point
vers un point
infiniment voisin, puis renvoyé immédiatement en sens inverse. Les
variations des coordonnées sont alors telles que :
.
Avec des conventions liées au même sens de propagation, les deux
parties du trajet correspondent donc à :
.
En rectifiant la convention de sens pour l'aller-retour, la durée du
trajet est telle que :
.
• La notion locale de distance est donc décrite par
avec un tenseur métrique tridimensionnel
:
.
◊ remarque : de la propriété
on déduit
et
; ainsi en substituant :
(cette métrique spatiale est donc l'inverse de la partie
spatiale
).
◊ remarque : si la métrique dépend du temps, la “distance” calculée
en intégrant
sur un trajet (non instantané) doit être interprétée avec précaution
; l'intégration de la “durée”
sur un trajet a généralement peu de signification dès lors que la
perception de la durée dépend du lieu.
• Pour repérer complètement les événements, il peut être insuffisant
de savoir comparer les durées : il est souhaitable de pouvoir
synchroniser les horloges.
Dans la situation précédente, on peut considérer comme synchrones
l'indication de l'horloge en
,
à l'instant du passage du signal, avec celle de l'horloge en
,
au milieu de l'intervalle.
Deux événements simultanés, en deux points voisins, sont donc
séparés par un décalage :
.
◊ remarque : cette méthode de synchronisation des horloges, de
proche en proche, n'est toutefois généralement pas applicable pour
synchroniser dans tout l'espace (bien que ça corresponde à
, l'intégrale sur un contour fermé n'est pas forcément nulle
car
n'est pas un tenseur).
◊ remarque : les problèmes rencontrés ici, pour les distances et les
décalages des horloges, peuvent être évités en utilisant un système
de coordonnées tel que
, ce qui est toujours possible, au moins localement.
📖 exercices n° I, II, III et IV.
Énergie-impulsion d'une particule massive
• On se base sur la “covariance” : partant du principe qu'on peut
toujours, au moins localement, trouver un système de coordonnées tel
que la description de relativité restreinte s'applique, puis que les
changements de notations laissent invariante l'expression générale
des relations ainsi obtenues.
Des justifications théoriques plus détaillées sont envisagées
ensuite.
• Pour une particule massive (considérée comme ponctuelle) dont on
peut négliger l'influence sur le champ de gravitation, on peut
définir un 4-vecteur “énergie-impulsion”
avec
.
◊ remarque : plus précisément, la notion de centre d'inertie ne peut
pas être généralisée pour un système étendu ; on peut l'utiliser en
bonne approximation pour une particule quasi-ponctuelle telle que
soit quasi uniforme sur tout son volume.
• En utilisant un système de coordonnées tel que
:
- on peut noter :
;
;
;
;
- considérer comme “énergie” :
;
- et comme “impulsion” :
.
◊ remarque : plus précisément, si la base spatiale
est orthogonale mais non normée (en
particulier pour des coordonnées de type sphérique), on utilise de
préférence :
;
(ceci donne la même unité de longueur pour les différentes
coordonnées).
◊ remarque : avec des coordonnées “quelconques”, il est utile de
disposer d'une expression “covariante” de l'énergie ; en
notant
la 4-vitesse d'un observateur, l'énergie mesurée par ce dernier (par
rapport à son référentiel) peut s'écrire :
(cette expression reste valable pour un
observateur en mouvement).
◊ remarque : en l'absence d'autres forces, mais en présence d'un
champ de gravitation, cette “énergie-impulsion” n'est conservée
qu'au sens de la dérivée covariante ;
mais
.
◊ remarque : ces notions peuvent se généraliser pour décrire les
photons.
📖 exercices n° V et VI.
Principe d'équivalence
• Dans la théorie relativiste de la gravitation, le principe
d'équivalence stipule qu'en tout point de l'espace-temps on peut
choisir un système de coordonnées “localement inertiel” de façon à y
“annuler” tout effet de champ de gravitation.
Soit
un tel système de coordonnées, le mouvement d'un point matériel “en
chute libre” y correspond à une accélération nulle :
.
Considérant ces coordonnées exprimées en fonction des
, la propriété précédente s'écrit :
.
Or, le mouvement “libre” est décrit par l'accélération nulle
associée au “déplacement géodésique” :
.
Les coordonnées inertielles sont donc déterminées par les équations
:
.
◊ remarque : pour les photons
, donc il faut utiliser un paramètre
autre que
ou
.
• Au voisinage d'un point de coordonnées
,
des coordonnées inertielles peuvent s'écrire sous forme d'un
développement en série, avec les constantes
;
;
:
.
Dans cette expression, les coefficients
et
(constantes d'intégration) peuvent être choisis (arbitraire du choix
des coordonnées dans le référentiel inertiel), mais les
coefficients
sont ensuite imposés.
• Afin que le caractère inertiel des coordonnées (ici imposé en
) reste mieux valable au voisinage de
, on peut imposer en plus l'égalité des dérivées :
.
Le terme suivant du développement :
est donc tel que
:
et ainsi de suite (tous les coefficients se calculent à partir des
dérivées du tenseur métrique).
◊ remarque : ceci peut se généraliser en construisant un système de
coordonnées qui sont inertielles en tout point d'une ligne.
• Dans cette interprétation, la relation
suggère que c'est la connexion
(liée à la “courbure” de l'espace-temps) qui joue le rôle d'un
“champ de gravitation” (analogue aux effets des forces
électromagnétiques, exprimés en fonction du champ et de la vitesse).
Le rôle d'un “potentiel de gravitation” est alors associé à la
métrique
puisque la connexion s'en déduit par dérivation par rapport aux
coordonnées.
• Ceci peut être justifié par des considérations théoriques
associées au “principe de moindre action”
.
Soit
un paramètre décrivant l'évolution d'une particule matérielle le
long de sa trajectoire, on peut considérer l'action
avec un lagrangien
. On
peut dans ce cas choisir le paramètre
, tout en considérant dans le lagrangien les variations
de
.
◊ remarque : cela s'adapte aussi pour les photons, mais le choix du
paramètre est moins évident.
• En notant
on obtient les équations d'Euler :
qui redonnent les équations des
géodésiques.
📖 exercices n° VII, VIII, IX et X.
Limite de l'approximation newtonienne
• On considère ici un point matériel en mouvement lent dans un champ
gravitationnel faible (et statique).
Dans la limite des mouvements lents, on peut négliger
par rapport à
; les équations du mouvement deviennent :
.
Pour un champ statique :
; or, pour un champ faible :
où
donc au premier ordre
. Finalement les équations s'écrivent :
;
.
La première équation montre que
est constant, ce qui permet de
simplifier les autres équations sous la forme :
. Or, la relation newtonienne s'écrit :
où
est le potentiel de gravitation.
Compte tenu du fait que l'effet gravitationnel doit tendre vers zéro
à l'infini, on peut en déduire
et
. On
retrouve donc ainsi la loi gravitationnelle “classique” à partir
d'une démarche géométrique.
◊ remarque : à la même approximation
et
car les termes correspondants sont du premier ordre par rapport au
champ, mais aussi par rapport à la vitesse, donc sont globalement du
second ordre.
📖 exercice n° XI.
Équations électromagnétiques
• Puisque le champ électromagnétique est défini de façon invariante
en relativité restreinte, on peut ici de même définir un
4-potentiel
tel que le champ soit
(compte tenu de
l'antisymétrie).
• Pour généraliser les équations de Maxwell sous forme invariante,
on peut se baser sur la densité de charge
avec le 3-volume
.
Ce 3-volume
est un scalaire pour les transformations spatiales, mais non dans
les transformations spatio-temporelles. Dans ce cas l'invariant est
:
, avec
;
.
On peut alors définir un quadrivecteur densité de courant
dont (selon la métrique) la coordonnée temporelle décrit la grandeur
physique associée :
(comme en relativité restreinte).
◊ remarque : on vérifie que
est un quadrivecteur en constatant que
la 4-densité
est un scalaire, or
est un quadrivecteur ; de façon systématique, toute expression
“covariante” qui redonne l'expression “classique” dans le cas de la
relativité restreinte est forcément générale.
• Ce 4-vecteur vérifie l'équation de continuité :
.
Par ailleurs, avec ces notations, les équations de Maxwell
s'écrivent :
(avec
perméabilité magnétique) ;
(compte tenu de l'antisymétrie).
◊ remarque : dans la seconde équation, le “tenseur” de
Levi-Civita
n'est pas un tenseur ; on peut lui préférer
, mais cela ne change rien puisque le
résultat est nul ; pour éviter toute ambiguïté, on peut préférer
l'écriture développée :
.
• La force électromagnétique de Lorentz se généralise alors par
l'expression :
.
📖 exercice n° XII.
Tenseur énergie-impulsion
• En relativité restreinte, le tenseur énergie-impulsion pour une
particule de position
et d'impulsion
peut s'écrire à l'aide de la distribution de Dirac, avec une masse
volumique
:
.
Le caractère tensoriel est assuré par le fait que
est invariant (avec
la masse volumique dans le référentiel propre).
• Pour généraliser sous forme invariante, on peut se baser sur la
densité de masse
, mais ce n'est pas un scalaire puisque
l'invariant dans les transformations spatio-temporelles est
.
On peut alors utiliser :
;
et l'expression tensorielle
reste valable.
• Pour une particule ponctuelle, on peut écrire :
avec la
distribution invariante
.
On peut aussi utiliser :
(intégré sur la trajectoire) avec la
distribution invariante
.
◊ remarque : contrairement à
, le temps est une variable “indépendante” dans
.
• Selon la métrique, la coordonnée temporelle décrit la grandeur
physique associée :
.
Les coordonnées spatio-temporelles décrivent les grandeurs
physiques associées :
.
On peut donc les regrouper et les réinterpréter comme un
pseudo-4-vecteur
représentant une “3-densité de
4-impulsion”
.
Il ne s'agit toutefois pas d'un 4-vecteur car
n'est pas un scalaire, à cause de la contraction relativiste des
volumes.
• En pratique, ceci revient à décrire l'énergie-impulsion d'une
petite particule par :
; ceci ne peut toutefois pas se généraliser à un système de
grande taille.
Pour un volume non quasi-ponctuel, si on reste dans une
généralisation simple de la relativité restreinte, il serait
absurde de calculer la somme
car la composante temporelle représenterait la
quantité
. Ceci est associé au fait que la notion de centre d'inertie
ne se généralise pas au delà de la relativité restreinte : il faut
raisonner localement, directement avec des densités de
4-impulsion et des densités de forces pour les systèmes non
ponctuels.
◊ remarque : par rapport au cas newtonien, la relativité
restreinte prend en compte l'inertie associée à l'énergie
cinétique ; il faut ici prendre en compte l'énergie
gravitationnelle (l'inertie dépend du champ où se trouve le
système).
📖 exercices n° XIII, XIV et XV.
Moment cinétique et “spin” (moment cinétique propre)
• La notion de moment cinétique peut se généraliser :
- soit pour un système macroscopique possédant des symétries
bien particulières (ceci nécessite une étude du tenseur
décrivant la répartition d'énergie-impulsion, ainsi que de la
métrique
associée) ;
- soit pour une particule ponctuelle, mais alors il est inutile
d'écrire une équation supplémentaire car elle peut se déduire de
la loi précédente.
• Par contre, la notion de “spin” peut aussi se généraliser dans
l'approximation d'une particule (quasi) ponctuelle ; elle peut
servir par exemple à décrire le comportement d'un gyroscope sous
l'effet de la gravitation.
En pratique, ceci revient à décrire le moment cinétique d'une petite
particule par :
.
On peut alors définir le vecteur “spin”
, où
est la “vitesse du système” (de
son pseudo centre d'inertie) et avec le pseudo-tenseur
.
• En mouvement inertiel, le spin
d'une particule évolue selon
, donc :
.