Expansion de l'Univers ; “big bang” ou “petit plop” ?


• Si la notion “intrinsèque” de distance doit se déduire de la structure de diagrammes en permanente complexification, et si le référentiel local “naturel” (celui où l'expression des calculs est plus simple) correspond à l'échelle élémentaire, alors le référentiel que nous utilisons est par rapport à cela en expansion.

Cette expansion étant raisonnablement proportionnelle au contenu de la structure considérée, elle serait exponentielle. Ceci n'est peut-être pas sans rapport avec les observations cosmologiques récentes [1], mais le rapprochement doit être envisagé avec prudence : si nos mesures de distances doivent être envisagées comme “renormalisées”, alors il faut préalablement soigneusement comparer les renormalisations respectives du phénomène étudié et du mécanisme de mesure utilisé (si les deux diffèrent, leur différence s'ajoute à ce qu'on croit observer).

Une telle expansion accélérée peut être assez naturellement associée à l'effet d'inertie que constitue la force de gravitation. Il est alors normal que la masse inerte soit égale à la masse pesante, et qu'Einstein ait pû représenter ceci par une formulation en géométrie riemannienne, sauf que cela est souvent fait en considérant une métrique statique ; est-ce le bon choix (en particulier vis a vis de la description des trous noirs) ?

Mais ce qui est intéressant dans cette approche, c'est que l'expansion en question apparaît comme universelle : serait en expansion non seulement toute région de l'espace (?) contenant de la masse, mais toute région de l'espace contenant de l'énergie (des diagrammes d'interaction, et il me semble probable que “l'espace” n'existe que par les interactions qui le constituent).

Par ailleurs, le mécanisme envisagé décrit une expansion “sans expansion”, en ce sens que la distance entre les galaxies grandit, mais nous aussi, et d'une façon comparable. Le décalage vers le rouge de la lumière venant de loin est simplement dû au fait que l'échelle de référence au moment de l'émission n'était pas la même que celle qui est la nôtre au moment de la réception. De ce fait, l'Univers ne se “dilue” pas ; c'est simplement son échelle “naturelle” de référence qui diminue. Cette échelle de référence serait en quelque sorte l'équivalent, par rapport à la loi d'invariance d'échelle, de ce que représentent les référentiels galiléens par rapport à l'invariance par translation.

Une façon de présenter ceci peut être de considerer que si le degré de ramification “local” des diagrammes augmente avec le temps, les propagateurs intervenant dans un diagramme plus tardif portent chacun moins d'énergie (par répartition de celle-ci) compte tenu de l'expantion par ailleurs associée à ce mécanisme, donc les photons (entre autres) reçus maintenant en provenance du “passé” sont statistiquement d'autant plus basse énergie qu'ils proviennent de plus loin. Ceci est qualitativement cohérent avec l'autre interprétation, associée à l'utilisation d'un référentiel en expansion, mais on ne peut pas conclure plus précisément sans comprendre en détail le mécanisme de renormalisation associé aux distances et peut-être aussi aux énergies.

Je serais pour ma part enclin à chercher une équation ressemblant plus ou moins à (en améliorant pour respecter les lois d'invariance qui s'imposent) :  dX/X = K E dt  ;  où X serait une grandeur caractéristique de l'espace (le tenseur métrique, ou la partie spatiale du tenseur métrique, pourraient correspondre) ; où E serait une grandeur comme une densité d'énergie associée aux diagrammes de Feynmann “passant par là” (une quantité plus ou moins comme la composante temporelle g00 du tenseur métrique ne me semblerait pas absurde) et où K serait une constante (qui pourrait bien être liée à la fois à la constante de Planck et à celle de Hubble).

Précision indispensable : il ne s'agirait pas d'une équation prétendant remplacer les équations d'Einstein associées à la relativité générale (dont la validité est maintenant avérée, au moins en ce qui concerne la description “après renormalisation” de l'éventuelle structure quantique de l'espace-temps), mais d'utiliser le degré de liberté qui y subsiste pour examiner plus en détails les solutions, et en particulier les “singularités” associées, avec ce point de vue particulier. Certains s'empresseront de commenter : “inutile puisque tous les systèmes de coordonnées solution sont équivalents”... certes, mais notre façon de les interpréter ne l'est pas forcément et il ne me semble pas impossible que nous puissions avoir un intérêt à chercher dans cette voie.

• Un inconvénient de cette démarche tient à la vitesse d'une telle expansion accélérée : même considéré comme une sorte de “moyenne” (restant à préciser) d'interactions avec le “voisinage”, un champ de pesanteur  g = 9,8 m.s-2  à la surface terrestre ne tarderait pas à correspondre à une vitesse d'expansion rédhibitoire, surtout si cette expansion perdure depuis le début (?) de l'Univers.

Un autre point délicat tient à la comparaison avec les observations cosmiques : il semble plutôt au contraire que les zones soient en expansion d'autant moins importante que la densité d'énergie (matière et/ou interactions) y est grande [2, 3]. Certes, on peut rétorquer qu'une renormalisation locale, selon des mécanismes non encore imaginés, pourrait modifier notre perception du phénomène, mais encore faudrait-il trouver comment...

• Quel que soit le mécanisme envisagé pour décrire l'expansion, il faut en outre considérer que, par l'intermédiaire de l'instantanéité relativiste, la répartition statistique des photons émis sur le cône futur d'une source peut aussi dépendre de la densité de répartition des récepteurs potentiels sur ce cône futur. Ceci peut non seulement conduire à une variation de l'expansion au cours du temps, mais aussi à des effets plus complexes comme des oscillations.

cone1
cone2

• D'un autre point de vue, si on envisage un espace de bipoints, correspondant plus ou moins aux propagateurs, on peut envisager de définir omega d'après un temps commençant lors d'une interaction initiale :  omega = 1  et  t = 0  à l'apparition du premier propagateur ; le début de l'Univers serait alors un “petit plop” plutôt qu'un “big bang”.

On peut aussi envisager  infini  (dénombrable ?), correspondant au contraire (après une indispensable renormalisation) à un Univers fractal [4], sans début mais en complexification continuelle.

• Si le nombre total de branches est infini, on peut raisonnablement envisager une invariance par retournement du temps ; au contraire, s'il est fini, il est fort probable que seule une quasi-invariance [5] est envisageable, d'autant plus proche de l'invariance que le nombre total de branches augmente quand on s'éloigne de l'instant initial. Ainsi la brisure de symétrie ne serait pas constante mais décroissante, elle aurait été plus grande au début de l'Univers.

D'un autre point de vue, la description envisagée ici étant associée à des “fluctuations quantiques” de l'espace-temps, ces dernières pouvaient être en proportion plus importantes au début de l'Univers, si on envisage que le diagramme global correspondant était alors plus simple. L'interprétation de l'antimatière comme de la matière “remontant le temps” lors de fluctuations conduit alors à considérer que les proportions matière-antimatière pouvaient être comparables au tout début de l'Univers, mais qu'elles ont de toute façon très rapidement évolué pour laisser presque uniquement de la matière.

__________________
Références :

1. voir par exemple :
“Accélération confirmée”, Pour la Science n° 313, p. 14, novembre 2003 ;
“Que cache la constante cosmologique”, J. P. Uzan, Pour la Science n° 326, décembre 2004 ;
“Pourquoi l'Univers accélère-t-il ?”, J.O. Baruch et S. Fay, La Recherche n° 384, mars 2005.

2. voir par exemple : “Les paradoxes du Big Bang”, Pour la Science n° 330, avril 2005.

3. la géométrie de l'espace à l'échelle cosmique est toutefois encore un sujet de tests approfondis et des écarts par rapport à la théorie subsistent ; voir par exemple :
“Les amas bousculent l'énergie du vide”, Pour la Science n° 315, p. 20, janvier 2004 ;
“La gravitation sous surveillance”, S. Reynaud, Pour la Science n° 326, décembre 2004 ;
“L'étrange trajectoire des sondes Pioneer”, J.O. Baruch, La Recherche n° 390, octobre 2005 ;
“Big Bang ; des origines de l'Univers aux origines de la vie”, S. Katsanevas et coll., dossiers du CNRS, décembre 2005.

4. ceci est peut-être à considérer en relation avec d'autres approches ; entre autres :
• “The stochastic interpretation of quantum mechanics : a critical review”, G.C. Ghirardi, C. Omero, A. Rimini and T. Weber, Rivista del nuovo cimento, vol 1, n° 3, 1978 ;
• “Physical foundations of quantum theory : stochastic formulation and proposed experimental test”, V.J. Lee, Foundations of physics, vol 10, n° 1/2, 1980 ;
• “L'espace-temps fractal”, L. Nottale, Pour la Science n° 215, septembre 1995 ;
• “La relativité d'échelle l'épreuve des faits”, L. Nottale, Pour la Science n° 309, juillet 2003.
5. voir par exemple :
“Le miroir brisé de l'antimatière”, I. Mannelli, Pour la Science n° 303, janvier 2003 ;
“L'antimatière questionne toujours le Big Bang”, La Recherche n° 382, janvier 2005.



Retour au début