Cette manipulation utilise un tube de Natterer : tube de verre scellé contenant un fluide dont le point critique correspond à une température peu supérieure aux conditions usuelles : une légère élévation de température (à l'aide d'un sèche cheveux ordinaire) permet de l'atteindre.
remarque : de nombreux ouvrages citent l'utilisation de C02 (Tc = 31°C ; pc = 74 bars) ou de SF6 (Tc = 45,5°C ; pc = 38 bars).
À la température usuelle, le fluide est partagé en deux parties presque égales liquide et gazeuse. Cette condition est nécessaire pour que la surface de séparation reste pratiquement sur place lors de l'élévation de température : un excès initial de gaz imposerait une disparition progressive du liquide ; un excès initial de liquide imposerait une disparition progressive du gaz et la dilatation ultérieure du liquide ferait exploser le tube de verre. Il est toutefois difficile de fabriquer le tube de telle façon que les proportions restent rigoureusement fixes.
On constate initialement que la surface de séparation des deux phases est visible ; on constate en outre que la réfraction de la lumière dans le liquide donne aux deux parties une allure différente : on distingue nettement l'épaisseur du verre dans le gaz alors qu'elle est quasi inobservable dans le liquide.
Lors de l'élévation de la température (une ou deux minutes), la pression augmente aussi et l'équilibre des deux phases se maintient (en suivant la courbe de changement d'état) avec des proportions quasi constantes.
Lors du passage au dessus du point critique, la limite liquide/gaz devient progressivement floue puis s'estompe et disparaît sur place (plus précisément, la surface de séparation s'élève légèrement mais elle ne disparaît pas en haut du tube par liquéfaction du gaz). Ainsi à haute température et haute pression il n'y a plus de différence entre deux formes fluides (liquide et gaz), il n'y a plus qu'une seule forme fluide.
L'observation peut se faire directement, mais aussi par projection.
Lors du refroidissement (après deux ou trois minutes), le passage au dessous du point critique se caractérise par une réapparition brutale de la limite de séparation : sous l'effet de la pesanteur les gouttelettes de liquide qui se forment (par contraction) dans le fuide supérieur (dont le reste devient du gaz) croisent en tombant les bulles de gaz qui se forment (par expansion) dans le fluide inférieur (dont le reste devient du liquide) ; il se produit une sorte d'implosion locale, puis la limite de séparation se stabilise.
L'observation par projection montre que le mélange limite instable gouttelettes/bulles est totalement opaque (il diffuse totalement la lumière).