Espace-temps thermodynamique


• En l'absence d'interaction, le temps ne s'écoule probablement pas car il ny a rien par rapport à quoi le repérer (conformément à certaines idées d'Ernst Mach [1]).

Si le temps est lié aux interactions, alors on peut envisager une analogie avec la thermodynamique statistique (est-ce la thermodynamique cachée envisagée par Louis de Broglie ?) et proposer une définition du genre :  defTemps  où omega est un nombre associé à la complexité du diagramme de Feynman décrivant le système étudié, et où tau est une constante de normalisation (arbitraire ?).

Le sens de l'écoulement du temps [2] serait alors “évident” : pour qu'un événement se produise “après” un autre, il faut et il suffit qu'il intervienne dans un diagramme de l'Univers ayant un plus grand nombre de “branches”. En particulier, pour qu'un événement soit perçu avant un autre, il faut que les diagrammes décrivant le second contiennent plus de branches que les diagrammes contenant des branches décrivant l'interaction qui permet de détecter (de “mémoriser” ?) le premier.

Ceci redonne en particulier  omega = 1  et  t = 0  pour un propagateur (nu) isolé, ce qui est conforme à l'instantanéité relativiste envisagée ici.

De même, les diagrammes suivants correspondraient respectivement à  omega = 4,  omega = 3  et  omega = 6.

masse1
masse2
masse3

L'analyse dimensionnelle permet par ailleurs de proposer comme durée élémentaire quantifiée la valeur  tau = defTau = 1,34.10-43 s  (parfois appelée “temps de Planck”, mais ce n'est pas forcément cette valeur qui convient).

• Toutefois, le “temps” ainsi défini serait a priori valable pour l'Univers en entier ; or, la relativité générale montre qu'aucune variable temps “date” ne peut généralement être définie (la différentielle du temps “durée” n'étant pas une différentielle totale). Il faudrait donc peut être plutôt se baser sur une expression différentielle de la forme : dTemps.
Par ailleurs, l'expression correspond à une quantité extensive ; on devrait plutôt envisager de définir un temps “local” en limitant l'étude des diagrammes associés à une (petite) partie de l'Univers, voire une limite pour un voisinage infinitésimal d'un “point” (?). Resterait alors à résoudre le problème relativiste pour deux points “classiquement” reliés par un intervalle “du genre espace” (dont l'ordre temporel dépend du référentiel en relativité restreinte). Mais pour cela, il faudrait d'abord préciser la notion de mouvement, et avant même préciser la notion de distance.

• Dans cette approche, le temps s'écoulerait plus vite (?) dans les zones de l'espace (?) où il y a plus d'interactions, c'est-à-dire peut être bien dans les zones où il y a plus d'énergie pour interagir, ce qui conduit à une propriété rappelant qualitativement la théorie relativiste de la gravitation.

Mais d'autres aspects appellent à la réflexion : en particulier la durée “diminuée” de traversée intervenant dans l'effet tunnel [3]. Certaines des particules sont réfléchies en interagissant avec la “zone interdite”. Celles (peu nombreuses) qui traversent par effet tunnel semblent passer directement en “ignorant” la “zone interdite”, comme si (faute d'y interagir) cette distance n'existait pas pour elles, ce qui (bien que peu probable) réduit logiquement en conséquence la durée de transit (dans les rares cas où cela se produit). Cela peut il ainsi être considéré comme une éventuelle conséquence de l'interprétation précédente du temps ? D'une part il faudrait préciser l'interprétation, d'autre part il faudrait trouver confirmation dans des comportements analogues pour d'autres situations : dans un dispositif d'interférences tel que les fentes d'Young, les particules qui traversent une “frange sombre” sans y interagir ont elles pour cela une durée de transit diminuée ?

• D'un autre point de vue, si on se base sur l'analogie entre d'une part :  dU = T dS - p dV  avec :
U l'énergie interne, T la température, S l'entropie, p la pression et V le volume
et d'autre part :  dA = E dt - p dx  avec :
A l'action, E l'énergie, t le temps, p l'impulsion et x la position
alors la mise en correspondance de (T,p) et (E,p) suggère que l'énergie-impulsion d'une particule quantique isolée n'existe pas ; ce serait une propriété moyenne statistique des interactions (en supposant qu'il y a “quasi-équilibre”, ce qui correspond peut-être à la couche de masse ?).

• Dans une situation de quasi-équilibre, l'énergie et l'impulsion sont liées par une équation d'état ; celle-ci n'est pas vérifiée si on s'éloigne de l'équilibre. Les incertitudes de Heisenberg pour les particules “hors de leur couche de masse” ne sont peut être que la description statistique des fluctuations autour de l'équilibre (d'autant plus grandes que l'écart à l'équilibre est violent).

• Peut-on prolonger l'analogie et considérer une quantité Theta, analogue du transfert thermique (chaleur), telle que  dTheta ≤ E dt  de façon analogue à  dQ ≤ T dS  (avec égalité dans les cas voisins d'une situation d'équilibre ?).

Puisqu'en thermodynamique la création locale d'entropie est proportionnelle à gradT ou gradp, on peut envisager ici une création locale de temps qui serait proportionnelle à un terme du type gradE où il faudrait encore transformer le “gradient” puisque cela décrit une dérivée par rapport à la position dans l'espace (quel “espace” ?). Peut-on envisager pour ceci le quotient de la variation d'énergie par la “longueur de la chaîne d'interaction” locale ?

• Au “voisinage” d'un équilibre, l'analogue de la conservation de l'énergie d'un système thermodynamique serait une action quasi-constante (?). L'analogue d'une entropie maximum serait un temps extrémum (?).

L'analogue du facteur de Boltzmann  e-E/kT  devrait être du type  boltzman  (resterait à voir, du point de vue quantique, s'il y a des variantes pour les fermions et les bosons). Les actions les plus probables seraient alors les plus faibles, et d'autant plus à faible énergie. Il est en outre possible que l'action soit quantifiée (de quantum h).

• Enfin, une autre analogie serait envisageable pour expliquer la différence d'abondance entre matière et antimatière. Partant du constat que l'intégration sur l'énergie-impulsion des particules virtuelles (dans les diagrammes de Feynman) se fait y compris hors de la couche de masse, et que les mêmes diagrammes peuvent par “retournement” décrire des interactions d'électrons ou de positons, on est amené à considérer ces derniers comme des électrons “remontant le temps” [4]. L'analogue d'une particule remontant le temps est une diminution de l'entropie d'un système isolé : bien que l'entropie d'un tel système ait statistiquement tendance à augmenter, des fluctuations locales peuvent se produire. Les apparentes “inversions du temps” que constituent les observations d'antiparticules seraient des fluctuations peu probables, réservées à des situations particulières où nous détectons l'effet de la quantification de l'espace-temps.

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Références :

1. “La Mécanique”, E. Mach, éd. J. Gabay (traduction française).

2. On peut distinguer plusieurs notions comme le “cours du temps” qui précise le sens (apparemment inéluctable) de variation du temps et la “flèche du temps” qui précise le sens d'évolution de phénomènes irréversibles ; tout en étant d'accord sur la nécessité de clarification suggérée par divers auteurs, je pense qu'il serait déraisonnable d'essayer de construire la notion de temps à partir d'autre chose que son contenu événementiel (le temps ne s'écoule probablement pas s'il ne se passe “rien”, mais reste à savoir précisément quel “rien”... quand on considère usuellement qu'un verre est “vide” dès lors qu'il ne contient pas de liquide) ; c'est pourquoi je désigne aussi par “flèche du temps” l'irréversibilité du “cours du temps” ; voir par exemple :
    “Le temps est différent des propriétés qu'on lui attribue”, E. Klein, Science & Vie, janvier 2003 ;
    “Faut-il distinguer cours du temps et flèche du temps ?”, E. Klein, Bulletin de l'Union des Professeurs de Spéciales n° 890, janvier 2007.
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3. voir par exemple (pour une interprétation intéressante des durées, montrant en particulier l'absence de dépassement de la vitesse de la lumière) : “Effet tunnel : plus vite que la lumière ?”, La Recherche, n° 281, novembre 1995.

4. voir en particulier :
       “les intégrales de chemin”, Pour la Science - les génies de la science, n° 19 (“Feynman, génie magicien”), mai 2004 ;
       “la médiation de Dyson”, Pour la Science - les génies de la science, n° 19 (“Feynman, génie magicien”), mai 2004.



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